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Le “wokisme” peut-il porter Trump à la présidence ?

À 11 jours de l'élection présidentielle américaine, les électeurs pro-Trump dénoncent la dérive « woke » de la société. Ce clivage culturel et idéologique sera-t-il décisif dans les urnes ? Plongée au cœur d'une Amérique plus divisée que jamais.

À quelques jours d’une élection présidentielle américaine sous haute tension, la société semble plus polarisée que jamais. Au cœur des débats : le « wokisme », ce courant de pensée né sur les campus qui se veut progressiste et engagé contre les discriminations. Mais pour les partisans de Donald Trump, ces idées « bien-pensantes » menacent l’identité et les valeurs traditionnelles du pays. Le spectre d’une « cancel culture » hante l’Amérique conservatrice.

Une « révolution culturelle » contestée

Depuis son émergence dans les universités californiennes dans les années 60, le mouvement « woke » n’a cessé de s’étendre et de gagner en influence, revendiquant la défense des minorités et une plus grande justice sociale. Mais en 2024, dans un pays ultra-polarisé, ces idées sont devenues un repoussoir pour une partie de l’électorat.

Les idéologies identitaires ont malheureusement investi le monde universitaire. C’est ce qu’on appelle le wokisme, et il s’agit surtout de protéger tel ou tel groupe contre de supposées agressions.

Curtis Guilbot, responsable d’une université anti-woke

Des parents inquiets pour leurs enfants

Pour certains, comme ces parents d’élèves de Round Rock au Texas, la « bien-pensance » contamine même les programmes scolaires :

Il y a des livres inappropriés qui traitent de différents types de sexualité, d’homosexualité, de sexualité expérimentale. Et ça ne leur pose pas de problème !

Jennifer White, association « Les mamans pour la liberté »

Face à ces accusations, les autorités scolaires tentent de rassurer, rappelant que les parents peuvent contester les contenus jugés problématiques. Mais le débat est loin d’être clos.

La Silicon Valley loin du « wokisme »

Même au sein des bastions progressistes, des voix s’élèvent contre ce qu’elles perçoivent comme une dérive. C’est le cas d’Elon Musk, fervent soutien de Donald Trump, qui a choisi de délocaliser le siège de X (ex-Twitter) du très « woke » État de Californie vers le Texas, réputé plus conservateur.

Un « éveil des consciences » revendiqué

À l’inverse, sur les campus, de nombreux étudiants assument cet engagement militant, à l’image d’Ammer Qaddumi, leader étudiant arrêté lors de manifestations pro-palestiniennes :

Notre mouvement s’aligne sur d’autres luttes de défense des opprimés, asservis par des systèmes coloniaux, comme les communautés noires, hispaniques, amérindiennes. Oui, c’est woke dans le sens où c’est un éveil des consciences.

Choc de cultures sur les campus

Pour contrer cette tendance, certains, comme le philanthrope John Malone, ont choisi d’investir dans la création d’universités ouvertement anti-wokes. C’est le cas de l’Université de Austin, qui se veut « non sectaire » et prône « la recherche de la vérité sans peur » – comprenez, sans tabous.

Une confrontation qui illustre le fossé grandissant entre deux Amériques qui semblent ne plus se comprendre. Et ce clivage promet d’être au cœur de l’élection présidentielle à venir.

Quel impact dans les urnes ?

Si les grandes villes universitaires comme Austin font figure d’exception démocrate au Texas, cet État reste dans l’ensemble résolument acquis à Donald Trump.

Et à en croire les sondages, le rejet du « wokisme » et des changements de société qu’il promeut pourraient bien être un moteur puissant de la mobilisation des électeurs conservateurs.

Face à une gauche perçue comme moralisatrice et déconnectée, le discours anti-establishment et politiquement incorrect de l’ancien président semble une nouvelle fois faire mouche.

Reste à savoir si cela suffira à lui ouvrir à nouveau les portes de la Maison Blanche, dans une élection qui s’annonce serrée. Réponse dans les urnes, le 5 novembre prochain.

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