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RDC : L’opposition met en garde contre un changement de Constitution

La RDC au bord d'une nouvelle crise ? L'opposition promet de bloquer toute tentative de réforme constitutionnelle visant à prolonger le règne du président Tshisekedi. Un bras de fer qui pourrait dégénérer, sur fond de tensions post-électorales...

En République Démocratique du Congo, le spectre d’une nouvelle crise politique plane. Martin Fayulu, l’une des principales figures de l’opposition, a promis de “barrer la route” au président Félix Tshisekedi s’il tentait de faire adopter une nouvelle Constitution. Une réforme qui, selon ses détracteurs, viserait à permettre au chef de l’État de se maintenir au pouvoir au-delà de son second mandat.

La polémique a éclaté mercredi dernier, lors d’un meeting du président Tshisekedi à Kisangani. Il y a annoncé son intention de nommer dès 2025 une commission chargée d’élaborer “une Constitution adaptée aux réalités congolaises”. Un projet qui suscite l’inquiétude et la colère de l’opposition.

Une Constitution qui “n’empêche personne de travailler” selon l’opposition

Pour Martin Fayulu, arrivé deuxième à la présidentielle contestée de 2018, l’actuelle Constitution “n’empêche personne de travailler”. Lors d’une conférence de presse à Kinshasa, il a appelé le peuple congolais à se tenir “prêt” pour s’opposer à toute tentative de réforme constitutionnelle.

Il n’y aura pas révision ou changement de la Constitution avant les élections de 2028. C’est inopportun.

Martin Fayulu, figure de l’opposition congolaise

Une Constitution déjà révisée en 2011

Adoptée par référendum en 2006, la Constitution de la RDC a déjà fait l’objet d’une révision par l’Assemblée nationale en 2011. Mais les députés n’avaient alors pas touché à certains articles sensibles, dont celui limitant à deux le nombre de mandats présidentiels. La réforme avait en revanche instauré un scrutin à un seul tour au lieu de deux.

Le précédent des manifestations meurtrières de 2015

Le spectre d’une crise similaire à celle de 2015 plane sur le pays. A l’époque, des manifestations meurtrières avaient éclaté à Kinshasa et dans d’autres villes pour protester contre une loi électorale soupçonnée de vouloir permettre à l’ex-président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats. Face à la pression populaire, Kabila avait finalement renoncé à se représenter en 2018.

Un référendum ou un vote au Parlement pour changer la Constitution ?

Selon la Constitution congolaise actuelle, une révision ne peut être adoptée que par référendum ou par un vote à la majorité des 3/5e au Parlement. Le président Tshisekedi dispose-t-il d’un soutien suffisant pour faire passer une telle réforme ? L’opposition promet en tout cas une farouche résistance, craignant un passage en force.

Dans un pays encore marqué par les violences post-électorales et les accusations de fraude lors du dernier scrutin présidentiel de 2023, remporté officiellement par Felix Tshisekedi, cette nouvelle polémique risque de jeter de l’huile sur le feu et de raviver les tensions politiques. L’opposition se dit prête à en découdre pour défendre l’alternance démocratique et empêcher toute dérive constitutionnelle. Un bras de fer à haut risque qui pourrait une nouvelle fois déstabiliser le fragile édifice démocratique congolais.

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