En 2024, bien que le racisme soit officiellement banni en France, les inégalités raciales persistent insidieusement. Comme le souligne France Culture, les blancs continuent de bénéficier d’un traitement privilégié par rapport aux personnes de couleur, en particulier les noirs. Cette domination blanche s’exerce de manière subtile mais bien réelle dans de nombreux domaines de la société.
Des expériences scolaires différenciées selon la couleur de peau
L’école est l’un des lieux où ces discriminations se manifestent le plus clairement. Bien qu’il n’y ait pas de ségrégation officielle, les élèves noirs ne vivent pas la même expérience que leurs camarades blancs. Ils sont confrontés à des remarques déplacées de la part de certains enseignants, comme être comparés à des « sans-papiers » pour un oubli de manuel ou menacés de « coups de fouet » s’ils ne travaillent pas assez.
Ces micro-agressions racistes s’accompagnent parfois d’une séparation implicite lors d’activités comme la piscine, où les élèves noirs et basanés se retrouvent systématiquement ensemble, quelle que soit leur niveau de natation. Pointer du doigt ces traitements différenciés expose souvent à l’accusation de « voir le racisme partout », révélant un profond déni de la société française.
La domination blanche, un concept sociologique pour penser les inégalités
Pour tenter de comprendre les ressorts de ce phénomène, les sociologues Solène Brun et Claire Cosquer ont publié un essai intitulé La domination blanche. Elles y analysent les mécanismes par lesquels les blancs restent considérés et traités différemment, de façon plus positive, que les personnes racisées.
La race est une construction sociale qui continue de produire des effets bien réels en termes d’inégalités et de discriminations.
Solène Brun, sociologue
Loin d’être uniquement affaire d’idéologie ou de ségrégation, le racisme relève de logiques systémiques profondément ancrées. Il se nourrit notamment du déni de son existence même, très prégnant dans le contexte français.
Penser les privilèges blancs pour combattre les discriminations
Reconnaître et déconstruire les privilèges liés à la blanchité apparaît comme un préalable indispensable pour progresser vers l’égalité. Cela implique de prendre conscience des avantages indus dont bénéficient les blancs au quotidien, souvent de manière invisible.
- Un accès facilité à l’emploi, au logement, aux loisirs
- Le fait d’échapper aux contrôles policiers abusifs
- La possibilité de ne pas être réduit à sa couleur de peau
Autant de privilèges qui restent l’apanage des blancs et constituent le pendant des discriminations vécues par les personnes racisées. En prendre conscience est une première étape cruciale, mais il faut aller plus loin.
Vers une lutte active contre le racisme systémique
Au-delà de la simple condamnation morale, combattre efficacement le racisme nécessite une action résolue à tous les niveaux. Cela passe notamment par :
- Des politiques publiques volontaristes en matière d’éducation et d’emploi
- Un travail de fond pour transformer les représentations
- Une prise en compte des expériences et paroles des personnes concernées
- La formation des acteurs-clés (enseignants, policiers, recruteurs…)
- Des sanctions effectives contre les actes et propos racistes
Mais cela nécessite aussi et surtout une prise de conscience collective. Chacun est appelé à interroger ses propres biais, stéréotypes et privilèges pour contribuer à déconstruire un système inégalitaire dont nous sommes tous partie prenante, bien souvent malgré nous. Un processus de longue haleine, parfois inconfortable, mais indispensable pour que l’égalité proclamée devienne enfin une réalité.
L’anti-racisme, un combat plus que jamais d’actualité
À l’heure où certains voudraient renvoyer le racisme à un passé révolu, les discriminations restent une réalité quotidienne pour des millions de Français. Comme le montre France Culture, la domination blanche continue de structurer en profondeur notre société, de l’école à l’entreprise en passant par les loisirs et l’espace public.
En mettant des mots sur ce phénomène trop souvent nié ou minimisé, les travaux de sociologues comme Solène Brun et Claire Cosquer ouvrent la voie à une prise de conscience salutaire. Ils nous invitent à ouvrir les yeux sur des inégalités indéniables pour mieux les combattre. Un combat qui nous concerne tous, quelle que soit notre couleur de peau. Parce que le racisme gangrène la société dans son ensemble, il est de notre responsabilité collective d’y mettre fin. Pour que l’égalité ne soit plus un vain mot mais un principe vivant, à faire advenir chaque jour.
