L’Église catholique est sur le point de franchir une étape majeure dans sa lutte contre la pédocriminalité en son sein. D’après une annonce du Vatican ce vendredi, la Commission pontificale pour la protection des mineurs publiera mardi prochain son tout premier rapport annuel sur ce fléau qui mine l’institution depuis des décennies. Une initiative inédite, voulue par le pape François, pour renforcer la transparence et la prévention face à ces crimes.
Attendu de longue date, ce rapport se veut un « premier pas » selon la Commission. Il doit documenter « les risques qui subsistent et les progrès qui peuvent être réalisés dans les efforts de l’Église pour protéger les enfants et les adultes vulnérables », tout en formulant des « recommandations spécifiques ». Une manière pour l’Église de reconnaître l’ampleur du problème et la nécessité d’agir.
Un manque criant de données sur les abus
Toutefois, la tâche s’annonce ardue. Lors de leur enquête, les membres de la Commission ont été confrontés à un « manque de données disponibles » sur les agressions sexuelles au sein de l’Église, comme l’a souligné la juriste néerlandaise Maud De Boer Buquicchio, en charge de la rédaction du rapport. Un constat alarmant qui en dit long sur l’omerta et le manque de suivi des cas.
Une commission sous le feu des critiques
La Commission pontificale pour la protection des mineurs, créée en 2014 par le pape François, a elle-même fait l’objet de vives critiques par le passé. Organe purement consultatif, elle a souffert de problèmes structurels et d’un manque de transparence selon certains de ses membres démissionnaires, à l’instar de Hans Zollner en mars dernier. Sa pleine intégration à la Curie romaine en 2022 est censée renforcer son poids.
Des mesures concrètes encore insuffisantes
Si le pape a pris plusieurs mesures fortes depuis son élection en 2013, comme la levée du secret pontifical sur les affaires d’abus ou l’obligation de signalement, les associations de victimes estiment que les actions concrètes demeurent insuffisantes. Le chemin vers une « tolérance zéro » semble encore long et semé d’embûches.
Le rapport à paraître mardi permettra-t-il d’impulser un véritable électrochoc et un changement de culture au sein de l’Église ? Jugera-t-il les progrès à l’aune des attentes immenses des victimes et des fidèles ? Autant de questions auxquelles ce texte très attendu devra répondre pour prouver la détermination de l’Église à combattre ce fléau. Un test crucial pour la crédibilité d’une institution profondément ébranlée.
Il est temps pour l’Église d’affronter ce problème, avec des actions concrètes et des sanctions exemplaires. Les belles paroles ne suffisent plus, il faut des actes forts.
Une source proche du dossier
Au-delà du contenu du rapport, son caractère public et annuel constitue en soi une petite révolution pour une institution habituée à la culture du secret. Il devra cependant s’accompagner d’une véritable transparence sur les affaires en cours et passées, ainsi que de sanctions contre les responsables. Un immense chantier qui ne fait que commencer.