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Le Fléau des Décharges Sauvages à la Frontière Belge

Les communes françaises frontalières de la Belgique sont envahies par des décharges sauvages illégales. Découvrez l'ampleur de ce trafic de déchets qui pollue l'environnement et coûte cher aux municipalités. Une enquête choc sur un fléau écologique et économique qui ne cesse de s'amplifier...

Imaginez des camions qui déversent des tonnes d’ordures en pleine nature, à quelques kilomètres seulement de chez vous. C’est malheureusement le quotidien de nombreuses petites communes françaises situées près de la frontière belge. Depuis plusieurs années, elles sont victimes d’un trafic illégal de déchets en provenance de Belgique qui prend une ampleur alarmante.

250 tonnes de déchets s’amoncellent en Moselle

À Rédange, un petit village mosellan de 1000 habitants, le cauchemar a commencé il y a 5 ans quand huit poids lourds ont déversé près de 250 tonnes de déchets ménagers belges en pleine forêt.

On a des déchets ménagers, on voit des coussins, des bouteilles de produits chimiques, toutes sortes d’objets en plastique. On trouve vraiment de tout.

déplore Daniel Cimarelli, maire de Rédange

Au total, huit décharges sauvages ont été découvertes dans un rayon de 20 km autour du village. Un fléau dont les riverains sont les premiers témoins :

C’est vraiment dégueulasse. Le soir, ils venaient déposer 3 ou 4 camions, et si ça passait, ils revenaient le lendemain en déposer, ça a duré 3 ou 4 jours ces dépôts.

explique une habitante

Un trafic bien organisé en provenance de Belgique

D’après les autorités, ces dépôts illégaux seraient l’œuvre d’un réseau criminel belge qui profite de centres de tri débordés. Au lieu de payer pour le traitement des déchets en Belgique, certains transporteurs peu scrupuleux sont payés pour les convoyer de l’autre côté de la frontière. Une fois en France, ils se débarrassent de leur cargaison dans la nature pour économiser les frais de recyclage et empochent la différence.

Ça peut être du crime organisé qui profite du système pour faire de l’argent, pour blanchir de l’argent. Il y a aussi des entreprises véreuses qui cherchent à faire des économies.

analyse la porte-parole de la gendarmerie nationale

À l’échelle européenne, ce trafic transfrontalier de déchets générerait un bénéfice illicite de 10 milliards d’euros par an pour les réseaux criminels.

Des communes démunies face à l’ampleur du fléau

Face à ces décharges sauvages à répétition, les petites municipalités frontalières se sentent bien démunies. Faute de moyens, la plupart se contentent de poser des rochers ou des barrières pour empêcher l’accès aux dépôts. Mais les trafiquants s’adaptent en multipliant les sites.

Certaines communes, comme Ferney-Voltaire dans l’Ain, doivent mobiliser des agents municipaux uniquement pour ramasser chaque jour les déchets déposés illégalement par des particuliers suisses qui veulent échapper aux taxes sur les ordures.

C’est le quotidien. Généralement, c’est 30 ou 40 sacs. Des fois on va jusqu’à 85 par site, ça reste énorme.

déplore un responsable du service de voirie

Un coût important pour les finances locales

Au-delà de la pollution visuelle et environnementale, ces décharges illégales représentent un coût important pour les finances des communes frontalières :

  • Ferney-Voltaire dépense 90 000 euros par an pour le ramassage
  • La ville a dû embaucher deux agents supplémentaires
  • Un camion est mobilisé uniquement pour collecter ces déchets
  • Des caméras de vidéosurveillance coûteuses sont nécessaires

Face aux véhicules immatriculés en Suisse ou en Belgique, les autorités locales se sentent souvent impuissantes, car les contrevenants étrangers sont difficiles à poursuivre.

Une lutte difficile contre les trafiquants

Malgré des sanctions pouvant aller de 500 à 1500 euros d’amende, la lutte contre les dépôts sauvages s’avère compliquée pour les forces de l’ordre. Les trafiquants agissent rapidement, souvent de nuit, et les prises en flagrant délit sont rares.

Certaines communes souhaitent s’équiper de caméras “intelligentes” avec détection de plaques, mais leur coût reste prohibitif pour des petites municipalités.

Seule une coopération renforcée entre la France, la Belgique et la Suisse permettrait de remonter ces filières. Mais en attendant, les villages frontaliers continueront de compter les camions de déchets qui polluent leurs forêts. Un triste constat pour l’environnement et les finances locales.

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