Imaginez donner naissance à cinq adorables petites filles en une seule fois. Un véritable miracle, n’est-ce pas ? C’est exactement ce qui est arrivé à Elzire Dionne, une mère de famille modeste de l’Ontario, au Canada, le 28 mai 1934. Cependant, ce qui aurait dû être un événement merveilleux s’est rapidement transformé en un cirque médiatique où les quintuplées sont devenues des phénomènes de foire, exploitées par le gouvernement et leur propre famille.
La naissance miraculeuse des quintuplées Dionne
Annette, Cécile, Émilie, Marie et Yvonne sont nées prématurément, avec deux mois d’avance, pesant chacune à peine plus d’une livre. À l’époque, les chances de survie pour des quintuplés étaient extrêmement faibles. Pourtant, contre toute attente, les cinq petites filles ont survécu, devenant ainsi les premières quintuplées connues à survivre plus de quelques jours.
Leur naissance a rapidement fait le tour du monde, attirant l’attention des médias et des curieux. Le gouvernement de l’Ontario, soucieux de protéger les quintuplées de l’exploitation, a décidé de les placer sous tutelle, les séparant ainsi de leurs parents et de leurs frères et sœurs.
Le “Quintland”, une attraction touristique controversée
Les petites Dionne ont été élevées dans un hôpital spécialement conçu pour elles, surnommé le “Quintland”. Cependant, loin d’être un havre de paix, ce lieu est rapidement devenu une véritable attraction touristique où les visiteurs pouvaient observer les quintuplées derrière une vitre, comme dans un zoo. Des milliers de personnes venaient chaque jour pour les voir, générant des revenus considérables pour le gouvernement ontarien.
“En moyenne 3000 visiteurs par jour en semaine et 8000 les samedi et dimanche”, rapportait Le Figaro en 1941.
Le Figaro
Les quintuplées étaient également utilisées à des fins publicitaires, leur image étant associée à divers produits. Elles ont tourné dans des films et leur effigie était vendue sous forme de poupées et autres souvenirs.
Le retour au sein de la famille Dionne
Ce n’est qu’en 1943, après une longue bataille juridique menée par leur père, Oliva Dionne, que les quintuplées ont pu réintégrer leur famille. Cependant, les retrouvailles furent difficiles. Séparées de leurs proches pendant neuf ans, les quintuplées avaient du mal à créer des liens affectifs avec leurs parents et leurs frères et sœurs.
De plus, comme le révéleront plus tard les sœurs survivantes, elles ont subi des abus sexuels de la part de leur père. Un traumatisme supplémentaire qui a marqué à jamais leur existence.
Un destin tragique
La vie des quintuplées Dionne a été jalonnée de drames. Émilie est décédée en 1954, à l’âge de 20 ans, des suites d’une crise d’épilepsie. Marie, quant à elle, est morte en 1970, à 35 ans.
En 1998, le gouvernement de l’Ontario a finalement accepté de verser une compensation financière aux trois sœurs survivantes, reconnaissant ainsi les préjudices subis pendant leur enfance.
Aujourd’hui, Annette et Cécile, les deux quintuplées encore en vie, célèbrent leur 90e anniversaire. Leur histoire, bien que teintée de tragédies, reste un témoignage poignant de la résilience face à l’adversité et une mise en garde contre l’exploitation des enfants, aussi “miraculeux” soient-ils.