Alors que le débat sur la fin de vie fait rage en France, l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, vient de jeter un pavé dans la mare. Dans une tribune percutante, il s’oppose fermement à la légalisation de l’aide à mourir, estimant que notre société a davantage besoin d’une “aide à vivre” que d’une “aide à mourir”. Une prise de position qui ne manquera pas d’enflammer les esprits !
Mgr Ulrich dénonce la peur de la souffrance
Pour l’archevêque, si une majorité de Français se déclare favorable à l’euthanasie, c’est parce qu’on interroge des personnes en bonne santé qui redoutent la souffrance à l’approche de la mort. Mais ceux qui ont côtoyé un service de soins palliatifs savent que les patients accompagnés en fin de vie ne réclament pas la mort. Au contraire, ils demandent à être soutenus, soulagés et entourés.
Les personnes en fin de vie demandent à être soutenues dans leur chemin, soulagées dans leur douleur, entourées si l’angoisse vient. Elles ne demandent pas la mort.
– Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris
Le déploiement des soins palliatifs, une urgence
Mgr Ulrich regrette vivement que les soins palliatifs ne soient pas accessibles partout en France et que le précédent plan de déploiement n’ait pas été mené à terme. C’est pourquoi il accueille favorablement les mesures du projet de loi visant à accélérer la mise en place des soins palliatifs sur tout le territoire. Un impératif pour offrir à chacun la possibilité de finir sa vie dans la dignité.
Conquérir la liberté de vivre jusqu’au bout
S’il existe encore une liberté à conquérir selon l’archevêque, ce n’est pas celle de mettre fin à ses jours, mais bien celle de ne pas être poussé vers la sortie. La vraie liberté, c’est de pouvoir bénéficier de tous les soins possibles jusqu’à ce qu’il ne soit plus raisonnable d’aller plus loin. Une liberté de vivre pleinement chaque instant, jusqu’au dernier souffle.
Si liberté il y a encore à conquérir, c’est la liberté de ne pas être poussé vers la sortie, de bénéficier de tous les soins possibles, jusqu’à ce qu’il ne soit plus raisonnable d’aller plus loin.
– Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris
Des questionnements éthiques fondamentaux
Le débat sur la fin de vie soulève des interrogations éthiques cruciales. Peut-on réellement parler de liberté lorsqu’on donne la possibilité à une personne fragilisée par la maladie de mettre un terme à son existence ? N’y a-t-il pas un risque de dérive vers une société où l’on considérerait que certaines vies ne valent plus la peine d’être vécues ? Autant de questions auxquelles il faudra apporter des réponses claires avant toute évolution législative.
Cette prise de position sans ambiguïté de Mgr Ulrich montre à quel point le débat sur la fin de vie divise notre société. Entre la crainte légitime de la souffrance et la volonté de promouvoir une culture de la vie jusqu’au bout, le chemin est étroit. Une chose est sûre : ce n’est pas en ouvrant la porte à l’euthanasie que l’on répondra aux angoisses de nos contemporains face à la mort. C’est au contraire en développant une véritable culture palliative, attentive à la dignité de la personne jusqu’à son dernier souffle.
L’enjeu crucial du débat parlementaire
Alors que la discussion sur le projet de loi ouvrant un droit à “l’aide active à mourir” doit bientôt débuter au Parlement, la tribune de Mgr Ulrich rappelle l’importance des choix qui seront faits. Entre la tentation d’une réponse désespérée à la souffrance et le pari courageux d’un accompagnement bienveillant, c’est notre conception même de la dignité humaine qui est en jeu. Gageons que nos députés sauront entendre les arguments du prélat et résister aux sirènes d’une euthanasie qui, sous couvert de compassion, risquerait fort de nous faire régresser en humanité.