Les tensions entre la Chine et Taïwan ne cessent de s’intensifier ces derniers jours. Vendredi, le président taïwanais Lai Ching-te a clairement affirmé la détermination de son pays à défendre l’intégrité de son territoire. Lors d’une visite hautement symbolique sur les îles Kinmen, situées à seulement 5 kilomètres des côtes chinoises, il a déclaré : « (Nous) ne céderons pas un centimètre de territoire à Taïwan, Penghu, Kinmen et Matsu pour fermement défendre notre patrie ».
Un message fort envoyé à Pékin
Ce déplacement du président taïwanais sur les îles Kinmen intervient dans un contexte de vives tensions. Quelques jours plus tôt, la Chine et Taïwan avaient chacun organisé des exercices militaires dans les eaux du détroit de Taïwan, incluant même des tirs à munitions réelles. En choisissant de se rendre sur cet archipel qui fut le théâtre d’une bataille historique entre nationalistes et communistes en 1949, Lai Ching-te envoie un message clair à Pékin quant à la volonté de Taïwan de ne rien céder sur sa souveraineté.
Les racines historiques du conflit
Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut remonter à la guerre civile chinoise qui a opposé les nationalistes du Kuomintang menés par Tchang Kaï-chek aux communistes de Mao Tsé-toung. Défaits en 1949, les nationalistes se sont réfugiés à Taïwan avec de nombreux civils, tandis que les communistes proclamaient la République populaire de Chine sur le continent. Depuis, Pékin considère l’île comme une province rebelle à réunifier, par la force si nécessaire.
Une posture chinoise de plus en plus agressive
Si la Chine affirme privilégier une réunification pacifique, elle n’hésite pas à faire monter la pression militaire autour de Taïwan ces dernières années. D’après des experts régionaux, Pékin multiplie les manœuvres navales et aériennes à proximité de l’île, avec des incursions régulières dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise. Une posture jugée de plus en plus agressive, qui inquiète la communauté internationale.
La détermination de Taïwan à défendre sa souveraineté et sa démocratie ne faiblira pas face à la pression croissante de la Chine.
Un haut responsable taïwanais souhaitant rester anonyme
Des tensions exacerbées depuis 2016
Les relations entre les deux rives du détroit se sont particulièrement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 à Taïwan de Tsai Ing-wen, puis de Lai Ching-te, tous deux issus d’un parti prônant l’indépendance de l’île. Pékin les accuse de vouloir couper les liens culturels et politiques avec le continent, et a réagi en renforçant ses pressions diplomatiques, économiques et militaires.
Le soutien américain, un facteur clé
Face à la menace chinoise, Taïwan peut compter sur l’appui des États-Unis, son principal allié et fournisseur d’armes. Washington s’est engagé à contribuer à la défense de l’île en cas d’attaque, même si la portée exacte de cet engagement reste ambiguë. Ce soutien irrite profondément Pékin, qui y voit une ingérence dans ses affaires intérieures et une remise en cause du principe d’"une seule Chine".
Quel avenir pour les relations Chine-Taïwan ?
La visite du président Lai Ching-te aux îles Kinmen et ses déclarations sans équivoque illustrent la volonté de Taïwan de ne pas plier face aux pressions croissantes de Pékin. Mais cette posture ferme risque d’exacerber encore davantage les tensions dans la région. De nombreux observateurs craignent qu’un incident, même involontaire, ne dégénère en conflit armé aux conséquences potentiellement désastreuses. La communauté internationale appelle donc toutes les parties à la retenue et au dialogue pour préserver la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.