Actualités

Un père de famille sauvagement tué à coups de pied dans la tête

Un musicien de 49 ans, père de jumeaux, sauvagement assassiné en pleine rue près de Rennes. Le meurtre insoutenable d'un "homme lumineux" qui choque une ville. Cinq jeunes mis en examen, un procès à venir qui s'annonce intense en émotions...

C’est un drame qui a profondément choqué les habitants de Saint-Jacques-de-la-Lande, paisible commune de la banlieue rennaise. Le 21 juillet 2021, Wilhem Houssin, un musicien bohème de 49 ans et père de famille, était sauvagement agressé en pleine rue. Roué de coups, piétiné à la tête, il succombait à ses blessures quelques jours plus tard, laissant derrière lui deux jumeaux de 12 ans et une famille dévastée. Un meurtre d’une violence inouïe pour lequel cinq jeunes hommes, dont deux mineurs, ont été mis en examen.

D’après une source proche de l’enquête, la scène n’aurait duré qu’une dizaine de secondes, mais d’une brutalité sans nom. Wilhem Houssin et sa compagne venaient visiter un appartement lorsqu’ils auraient eu le malheur de demander leur chemin à un groupe posté près de la mairie, sur un point de deal notoire. Une altercation aurait alors éclaté pour un motif futile. Selon des témoins, les agresseurs se seraient acharnés sur leur victime à terre, la rouant de coups de pied, notamment à la tête, comme s’ils “jouaient au football” avec.

Un homme “lumineux” victime d’une violence aveugle

La personnalité solaire de ce père de famille ne rend ce déchaînement de violences que plus incompréhensible. Unanimement décrit comme “l’homme le plus doux du monde”, un “grand blagueur” avec “le cœur sur la main” par ses proches, Wilhem Houssin était une figure appréciée du milieu culturel rennais. Musicien dans l’âme, “sa guitare ne le quittait jamais” se souvient une amie. Son assassinat insensé a soulevé une vive émotion. Des centaines de personnes ont participé à une marche blanche en sa mémoire.

Son principal défaut, c’était sa générosité.

Le père de Wilhem, maire de Vezin-le-Coquet, lors de la marche blanche

Mais derrière ce drame, c’est le problème de l’insécurité chronique du quartier qui est pointé du doigt. Le secteur du meurtre est gangrené depuis des mois par les trafics de drogue, au vu et au su de tous. “Les dealers sont là de 10h à minuit. Ils font leur trafic sous la fenêtre de la maire”, déplore un commerçant excédé. Les agressions se seraient multipliées ces derniers temps. Certains évoquent une forme “d’impunité” pour ces petites bandes ultra-violentes.

Un procès sous haute tension

Trois ans après les faits, les cinq accusés, désormais majeurs, comparaissent depuis jeudi devant les assises d’Ille-et-Vilaine. Dans le box, Bachir Ben Chouika, qui apparaît comme le principal suspect, un jeune homme à la personnalité “égocentrique, antisociale et peu empathique” selon l’expertise psychiatrique. Né en Algérie, puis Tunisien selon ses dires, son identité même semble avoir fluctué au gré de son parcours chaotique.

Les avocats des parties civiles comptent bien obtenir “sanction et réparation” pour ce crime “abominable”. Les débats s’annoncent tendus. Vendredi, confronté à ses contradictions, Bachir Ben Chouika a fini par concéder : “J’ai tué un père de famille et je l’assume. Je vais finir ma vie en prison”. Un premier pas, même si ses multiples incidents en détention, menaces et dégradations, en disent long sur sa prise de conscience.

Pour les proches de Wilhem Houssin, le chemin sera long. Leur peine est “infinie” comme l’a exprimé son frère à la barre. Le père, lui, a choisi de témoigner “sans haine”, mais avec ces mots terribles : “Ces jeunes jouaient au foot avec la tête de mon fils. Ils criaient penalty !”. Des paroles qui résonneront longtemps dans ce procès hors norme.

Une tragédie humaine, un fait divers révélateur

Au-delà du caractère sordide de ce fait divers qui a traumatisé une ville entière, l’histoire de Wilhem Houssin est surtout celle d’une tragédie humaine. Celle d’un homme “généreux”, “blagueur”, “lumineux”, d’un artiste sensible féru de musique et de sensations fortes, d’un père aimant qui laisse deux orphelins. Assassiné pour une phrase, un regard, sur ce qui semble avoir été un coup de folie meurtrière aussi gratuite qu’ultraviolente.

Ce procès, qui devrait durer deux semaines, sera scruté avec attention. Pour que justice soit rendue à cette famille brisée. Pour comprendre aussi les ressorts d’une telle explosion de violence aveugle. Et peut-être pour ouvrir le débat plus large de l’insécurité chronique qui mine certains quartiers livrés aux petits caïds de la drogue, de l’impuissance des autorités face à ces zones de non-droit qui prospèrent en plein cœur de nos villes. Le meurtre atroce de Wilhem Houssin restera comme un fait divers révoltant. À la justice désormais de faire son œuvre.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.