Dans l’état troublé du Guerrero, au sud du Mexique, de violents affrontements opposant forces de sécurité et délinquants présumés ont fait pas moins de 16 victimes ce jeudi, d’après un bilan officiel communiqué par l’armée. Un lourd tribut humain, résultant d’échanges de tirs nourris entre militaires et criminels dans cette région gangrénée par les trafics.
Deux épisodes sanglants en quelques heures
Les événements tragiques se sont déroulés en deux temps. En début de journée, deux personnes ont perdu la vie à Tecpan de Galeano lors d’un affrontement entre groupes criminels rivaux, impliquant également la police municipale selon les autorités. Mais c’est quelques heures plus tard que la situation a brutalement dégénéré.
Riposte meurtrière des forces de sécurité
En fin de journée, des délinquants présumés ont lancé une attaque armée contre une base opérationnelle où étaient stationnés des militaires et des agents de la Garde nationale. Face à cette agression directe, les forces de l’ordre ont immédiatement riposté, donnant lieu à de violents échanges de tirs. Un communiqué de l’armée évoque pas moins de 14 “agresseurs tués” dans cette confrontation, ainsi que 11 arrestations.
Trois militaires ont été blessés dans l’attaque initiale menée par les délinquants présumés contre la base opérationnelle.
D’après une source proche du dossier
Les autorités ont également procédé à la saisie d’un important arsenal suite à l’opération : 16 véhicules dont 3 blindés, 15 armes, 1 fusil et 1 mitraillette. Des prises qui témoignent de la puissance de feu dont disposent les groupes criminels dans la région.
Le Guerrero, épicentre de la violence liée au narcotrafic
Coincé entre le Pacifique et la Sierra Madre del Sur, l’état du Guerrero est depuis longtemps un haut lieu du crime organisé au Mexique. Porte d’entrée de la drogue dans le pays, la région fut un important centre de production de pavot, matière première de l’héroïne. Une situation qui engendre une criminalité endémique et de fréquentes violences liées aux guerres de territoires entre cartels.
Les forces de l’ordre tentent de juguler les trafics et la violence, mais se heurtent à des groupes criminels lourdement armés et déterminés à défendre leurs intérêts. Les affrontements meurtriers de ce jeudi illustrent tragiquement cette réalité. Et le Guerrero n’est malheureusement pas un cas isolé dans un Mexique miné par une criminalité protéiforme.
Une violence qui n’épargne pas les élus locaux
Triste symbole de l’emprise des groupes armés illégaux, Alejandro Arcos Catalan, maire de Chilpancingo et capitale du Guerrero, avait été froidement assassiné et décapité le 7 octobre dernier, seulement six jours après sa prise de fonction. Un terrible rappel que même les plus hauts représentants de l’État ne sont pas à l’abri de la violence des cartels.
Guanajuato, autre état meurtri par le crime
Autre point chaud au cœur du pays, l’État de Guanajuato détient le triste record national des homicides. Cette région du centre, peuplée de 6 millions d’habitants, totalise déjà 3.746 homicides depuis janvier 2023 d’après les chiffres officiels, sur 31.062 recensés dans l’ensemble du Mexique sur la même période. Un terrible bilan, symptôme d’une criminalité qui continue de gangréner le pays malgré les efforts des autorités.
Le même jour, une voiture piégée a explosé devant un commissariat de Guanajuato, blessant 3 policiers municipaux dont une femme dans un état grave. Les dégâts matériels sont également importants avec 4 logements et 7 véhicules touchés. Une attaque directe et préméditée contre les forces de l’ordre, qui démontre une nouvelle fois la détermination des groupes criminels à en découdre.
Un combat de longue haleine pour les autorités mexicaines
Face à une criminalité profondément enracinée, adossée à la manne financière colossale des trafics de drogues, les autorités mexicaines se livrent à un véritable combat de longue haleine pour tenter d’endiguer la violence. Une lutte qui se joue sur de multiples fronts, de la sécurisation du territoire par les forces armées aux actions judiciaires contre les têtes pensantes des cartels.
Mais la tâche est immense, et les événements sanglants qui endeuillent régulièrement le pays rappellent cruellement l’emprise de la criminalité organisée. Les 16 morts de ce jeudi dans le Guerrero en sont le tragique témoignage. Dans ce contexte, la détermination et la coordination de l’ensemble des acteurs étatiques seront plus que jamais nécessaires pour espérer inverser la tendance et restaurer la sécurité des citoyens mexicains. Un défi titanesque, mais vital pour l’avenir du pays.