C’est un moment historique qui se déroule actuellement à Cali en Colombie, dans le cadre de la 16ème Conférence des Parties (COP16) sur la biodiversité. Pour la première fois, un “forum international sur les Afro-descendants dans la COP16” a été organisé, marquant un tournant décisif dans la reconnaissance et l’inclusion des peuples afro-descendants dans les mécanismes de négociation et les organes sur la biodiversité.
Un événement salué comme une “avancée historique”
Francia Marquez, la vice-présidente colombienne elle-même Afro-descendante, n’a pas caché son enthousiasme face à cette initiative. Celle qui est devenue la première vice-présidente noire de l’histoire de la Colombie a qualifié ce forum “d’avancée substantielle”, soulignant qu’il avait fallu 30 ans pour reconnaître la nécessité de compter sur la présence des Afro-descendants dans la stratégie de conservation de la biodiversité.
Pour Mme Marquez, ce forum a permis non seulement de mettre sur la table la question des Afro-descendants, mais aussi de donner un visage à ces hommes et ces femmes qui risquent leur vie au quotidien pour défendre l’environnement et protéger la nature. Une réalité qu’elle connaît bien, elle qui a été activiste environnementaliste et a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat par le passé.
Vers une reconnaissance des droits territoriaux ethniques
Au-delà de la visibilité, c’est une véritable reconnaissance que ce forum international vient apporter aux populations afro-descendantes. Comme l’a souligné Francia Marquez, reconnaître la présence des Afro-descendants dans le cadre de la diversité biologique, c’est reconnaître :
- La diversité ethnique et culturelle
- La territorialité ou les droits territoriaux ethniques occupés pendant de nombreuses années
Une reconnaissance jugée “fondamentale pour que la stratégie de conservation de la planète soit complète”, selon la vice-présidente colombienne.
154 millions d’Afro-descendants en Amérique latine
L’enjeu est de taille quand on sait que les descendants d’esclaves africains représentent 21% des populations d’Amérique latine, soit 154 millions de personnes, principalement en Colombie et au Brésil selon les participants au forum. Des populations qui vivent souvent dans des zones riches en biodiversité et qui sont en première ligne face aux défis environnementaux.
Un pas de plus vers l’inclusion et l’équité
Cette demande de reconnaissance et d’inclusion des peuples afro-descendants dans les mécanismes de la COP16 est un signal fort. Elle témoigne d’une volonté de faire entendre la voix de ces populations trop longtemps invisibilisées et marginalisées, mais qui ont un rôle essentiel à jouer dans la protection de la biodiversité.
En donnant une place à la table des négociations aux Afro-descendants, la COP16 fait un pas de plus vers plus d’inclusion, d’équité et de justice. Une avancée saluée par de nombreux observateurs, qui espèrent que cette dynamique se poursuivra lors des prochaines conférences sur la biodiversité.
Reste à voir maintenant comment cette demande sera concrètement prise en compte et traduite dans les décisions et les plans d’action qui seront adoptés à l’issue de la COP16. Mais une chose est sûre : avec ce forum international, les Afro-descendants ont marqué un point décisif dans leur combat pour la reconnaissance et le respect de leurs droits, en lien avec la préservation de la biodiversité. Un combat plus que jamais d’actualité à l’heure où l’urgence climatique et environnementale n’a jamais été aussi pressante.
