Plus de trois décennies après avoir été condamnés pour le meurtre de leurs parents, les frères Lyle et Erik Menendez pourraient bientôt avoir une chance de quitter leur cellule. Le procureur de Los Angeles a en effet ouvert la voie jeudi à une possible libération conditionnelle pour les deux hommes, aujourd’hui âgés de 54 et 51 ans. Cette décision intervient alors qu’une série Netflix très populaire a récemment relancé l’intérêt du public pour cette affaire qui avait choqué l’Amérique à la fin des années 80.
Un Drame Familial qui a Marqué les Esprits
Le 20 août 1989, José et Mary Louise Menendez sont retrouvés morts, criblés de balles, dans le salon de leur luxueuse villa de Beverly Hills. Très vite, les soupçons se portent sur leurs deux fils, Lyle et Erik, qui avouent rapidement être les auteurs des coups de feu. Mais les jeunes hommes avancent une défense dérangeante : ils affirment avoir subi des violences sexuelles répétées de la part de leur père pendant des années, et présentent leur geste comme un acte de légitime défense.
Malgré ces révélations, les procureurs choisissent de voir en Lyle et Erik Menendez des enfants gâtés, obnubilés par l’appât du gain. Pour l’accusation, leur mobile est clair : en assassinant leurs parents, les deux frères espéraient mettre la main sur l’héritage familial, estimé à 14 millions de dollars. Un premier procès en 1993 se solde par un désaccord du jury. Trois ans plus tard, les frères Menendez sont finalement reconnus coupables de meurtre avec préméditation et condamnés à la perpétuité incompressible.
Netflix Ravive les Passions
Près de 30 ans après les faits, alors que Lyle et Erik Menendez semblaient promis à finir leurs jours derrière les barreaux, c’est paradoxalement une série qui a remis leur destin en question. Diffusée depuis quelques mois sur Netflix, “Monstres” revient en détails sur l’histoire des deux frères, de leur enfance à leur procès ultra-médiatisé. Mais loin de se contenter de raviver la fascination morbide pour ce fait divers, la série interroge le traitement judiciaire et médiatique qui a été réservé aux accusations d’agressions sexuelles portées par les frères Menendez.
Très commentée sur les réseaux sociaux, notamment sur Tiktok et Instagram, la série a suscité une vague de compassion envers les deux hommes. De nombreux internautes estiment aujourd’hui que leurs allégations n’ont pas été prises au sérieux à l’époque, et que leur procès s’est tenu dans un contexte bien différent de l’ère post-MeToo. Cette mobilisation a même dépassé les frontières virtuelles, plusieurs célébrités comme Kim Kardashian appelant à la libération des deux frères.
Vers une Révision de la Peine ?
C’est dans ce contexte qu’est intervenue la décision du procureur de Los Angeles. George Gascon, connu en Californie pour sa politique pénale progressiste, a admis jeudi que la série Netflix avait poussé ses services à “reconsidérer cette affaire avec un œil neuf”. Tout en précisant qu’il appartiendrait au juge de trancher, il a expliqué que dans un monde post-MeToo, “on croit davantage les victimes d’agressions sexuelles qu’il s’agisse de femmes ou d’hommes”.
Concrètement, le bureau du procureur va demander à un tribunal de réexaminer la condamnation des frères Menendez, afin de déterminer s’ils peuvent bénéficier d’une libération conditionnelle. Le parquet s’appuie notamment sur des éléments nouveaux, comme une lettre d’Erik évoquant les agressions avant le drame, ou le témoignage d’un ancien chanteur affirmant avoir été violé par José Menendez dans les années 80.
Si la justice devait suivre les recommandations du procureur, ce serait un bouleversement majeur pour les frères Menendez. Après 35 ans de détention, ils pourraient entrevoir la possibilité de retrouver un jour la liberté. Un espoir inespéré, né du pouvoir des histoires et de l’évolution du regard de la société sur les violences sexuelles. Reste désormais à savoir si la révision de ce procès hors norme confirmera ce changement de perspective.