Dans un geste d’une portée historique, le président américain Joe Biden s’apprête à présenter des excuses officielles aux nations amérindiennes. Ces excuses concernent les maltraitances subies par des générations d’enfants autochtones, arrachés à leurs familles pour être placés de force dans des pensionnats gérés par le gouvernement fédéral. Un douloureux chapitre de l’histoire américaine qui s’étend sur plus d’un siècle.
Un système d’assimilation forcée
Entre le début du 19ème siècle et les années 1970, des dizaines de milliers d’enfants amérindiens, parfois dès l’âge de 4 ans, ont été enlevés à leurs proches pour intégrer ces pensionnats éloignés de leur foyer. L’objectif affiché était d’effacer leur culture, leur langue et leur identité afin de les assimiler de force à la société dominante.
Dans ces établissements, beaucoup ont subi des violences physiques, psychologiques et sexuelles, comme l’a révélé un récent rapport du gouvernement. Ce document fait état d’au moins 973 décès d’enfants dans ces structures. Un bilan qui serait très probablement sous-estimé.
Des excuses très attendues
Pour la ministre de l’Intérieur Deb Haaland, première membre amérindienne du gouvernement américain, les excuses de Joe Biden revêtent une importance capitale :
«Le fait que le président prenne cette mesure est tellement historique que je ne suis pas sûre de pouvoir en exprimer l’impact de manière adéquate. Ces excuses signifient bien plus que ce que les mots pourraient exprimer.»
Deb Haaland, ministre de l’Intérieur
C’est sous l’impulsion de Deb Haaland qu’une vaste enquête a été lancée en 2021, aboutissant à un rapport détaillé sur ce pan sombre et longtemps occulté de l’histoire américaine. Un passé que la ministre connaît de l’intérieur, sa propre famille ayant été touchée par ces placements forcés.
Un déplacement chargé de symboles
Pour prononcer ces excuses très attendues, le président démocrate se rendra ce vendredi dans la réserve indienne de Gila River en Arizona. Un État-clé, remporté de justesse par Biden en 2020, et qui pourrait faire basculer le résultat de la présidentielle de 2024.
Une élection qui s’annonce d’ores et déjà très serrée, la vice-présidente Kamala Harris faisant campagne face à l’ex-président républicain Donald Trump. Dans ce contexte, le déplacement de Joe Biden en Arizona, où la population amérindienne est l’une des plus importantes du pays, revêt donc aussi une dimension politique évidente.
Regarder l’histoire en face
Mais au-delà des enjeux électoraux, ces excuses historiques soulignent surtout, d’après la Maison Blanche, la nécessité «d’enseigner toute notre histoire, même si elle est douloureuse». Un impératif pour que ces pages sombres ne se répètent jamais.
En reconnaissant officiellement les souffrances infligées aux peuples amérindiens, Joe Biden pose ainsi un geste fort pour panser les plaies du passé. Une étape cruciale sur le long chemin de la réconciliation entre les États-Unis et les premières nations de ce vaste territoire.