Depuis 2022, les quatre millions de bénéficiaires de titres-restaurants ont la possibilité d’acheter des produits alimentaires directement en rayon, une mesure qui pourrait bien perdurer. En effet, le gouvernement se dit favorable à la prolongation de ce dispositif en 2025. Une décision qui divise fortement restaurateurs et consommateurs.
Une mesure qui booste le pouvoir d’achat mais pénalise les restaurateurs
Pour les détenteurs de titres-restaurants, pouvoir les utiliser en supermarchés est un vrai plus. Cela leur permet d’acheter viande, légumes et autres denrées pour cuisiner à la maison, un coup de pouce significatif en cette période d’inflation. Mais cette mesure ne fait pas que des heureux.
Les restaurateurs voient en effet d’un très mauvais œil cette décision gouvernementale. Pour cause, sur dix tickets, six sont désormais dépensés dans la grande distribution contre seulement quatre dans leurs établissements. Un manque à gagner considérable qui met en péril tout un secteur déjà fragilisé par la crise sanitaire et la flambée des prix.
Le casse-tête de la validité des titres-restaurants
Initialement, les titres-restaurants visaient à permettre aux salariés de se restaurer durant leur pause déjeuner à moindre coût. Avec la prolongation probable du dispositif autorisant leur usage en supermarchés, c’est toute la philosophie du système qui est remise en cause.
Les détracteurs de la mesure y voient une distorsion de concurrence déloyale. Les restaurateurs estiment être les grands perdants et craignent des répercussions durables sur la fréquentation de leurs établissements.
Les bénéficiaires entre deux feux
Pris entre le marteau et l’enclume, les détenteurs de titres-restaurants peinent à trancher. D’un côté, la possibilité de faire leurs courses avec ce moyen de paiement est plus que bienvenue en ces temps difficiles. De l’autre, beaucoup ont à cœur de soutenir leurs restaurants de quartier mis à mal par la conjoncture.
La colère des restaurateurs est d’autant plus vive qu’ils estiment que l’État ne les soutient pas suffisamment. Ils pointent du doigt des aides insuffisantes et des charges toujours plus lourdes qui obèrent leur compétitivité. Cerise sur le gâteau, cette énième mesure en faveur de la grande distribution.
2025, l’année de tous les dangers pour la restauration ?
Si le gouvernement confirme sa volonté de prolonger la validité des titres-restaurants en supermarchés en 2025, c’est tout un pan de l’économie qui pourrait vaciller. De l’avis des professionnels du secteur, cela signerait l’arrêt de mort de nombreux établissements indépendants.
Les représentants de la filière demandent a minima des garde-fous, comme un plafonnement du montant utilisable en grandes surfaces. Ils plaident surtout pour un réel plan de soutien à la restauration afin de l’aider à traverser cette zone de turbulences.
Affaire à suivre donc, tant les enjeux sont importants. Entre pouvoir d’achat et survie des restaurants, le gouvernement va devoir trancher. Un épineux dilemme qui risque bien de susciter la controverse, quelle que soit la décision finale.