Lors d’une réunion des ministres des Finances du G20 à Washington, les pays membres ont réaffirmé avec force leur volonté de coopérer pour imposer plus lourdement les grandes fortunes, dans l’optique d’un système fiscal international plus juste et adapté aux défis de notre époque. Cette question s’annonce comme l’un des enjeux phares du prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement qui se tiendra en novembre prochain.
Vers une imposition effective des ultra-riches
Dans le communiqué final publié à l’issue de la réunion, les pays du G20 soulignent leur détermination à œuvrer ensemble pour garantir que les individus disposant des plus grandes fortunes contribuent équitablement aux finances publiques :
Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous sommes impatients de discuter des domaines potentiels de coopération afin de garantir que les personnes très fortunées soient imposées de manière efficace.
Cet engagement marque une étape importante vers la mise en place d’un impôt minimum mondial sur les super-riches, une proposition portée par le Brésil qui préside le G20 cette année. Si un consensus n’a pu être trouvé sur ce point précis, les pays se sont accordés sur la nécessité d’une coopération renforcée pour assurer une contribution accrue des plus aisés.
Une fiscalité mondiale plus équitable et transparente
Au-delà de la taxation des grandes fortunes, le G20 Finances a réaffirmé sa volonté de bâtir un système fiscal international plus juste, inclusif et transparent, en phase avec les enjeux du 21ème siècle :
Nous continuerons à travailler ensemble à la mise en place d’un système fiscal international plus équitable, plus inclusif, plus stable et plus efficace, adapté au 21e siècle, en réaffirmant notre engagement en faveur de la transparence fiscale et en encourageant le dialogue mondial sur l’imposition effective, y compris des personnes très fortunées.
Cette déclaration traduit une prise de conscience croissante, au plus haut niveau, de l’impérieuse nécessité de lutter contre les inégalités en s’assurant que les ultra-riches paient leur juste part d’impôts. Comme le souligne Susana Ruiz d’Oxfam International, « la réunion ministérielle du G20 d’aujourd’hui reflète l’émergence d’un consensus entre les plus grandes économies du monde pour réduire les inégalités extrêmes en veillant à ce que les ultra-riches paient leur juste part ».
Prochaine étape : le sommet du G20 à Rio en novembre
Les engagements pris par les ministres des Finances devront maintenant être entérinés par les chefs d’État et de gouvernement lors du prochain sommet du G20 qui se tiendra à Rio de Janeiro en novembre, juste après les élections présidentielles américaines.
La taxation des super-riches s’annonce comme l’un des dossiers brûlants de ce rendez-vous international de premier plan. Reste à savoir si les dirigeants parviendront à surmonter leurs divergences pour s’accorder sur des mesures concrètes et ambitieuses, à commencer par la création d’un impôt minimum mondial sur les grandes fortunes.
Une chose est sûre : la pression monte pour que les plus aisés soient mis davantage à contribution afin de réduire les inégalités criantes et de financer les politiques publiques, dans un contexte de finances publiques exsangues après la crise du Covid. Le prochain G20 sera un test majeur de la capacité de la communauté internationale à relever ce défi. Les citoyens et organisations de la société civile, vent debout contre l’injustice fiscale, attendent des actes forts.
Les enjeux d’une fiscalité plus juste
Au-delà du symbole, taxer davantage les super-riches répond à de multiples enjeux :
- Réduire les inégalités de richesse qui ont atteint des niveaux records
- Rétablir la justice fiscale et le consentement à l’impôt
- Dégager de nouvelles recettes pour financer les services publics et la transition écologique
- Lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale des plus fortunés
- Responsabiliser les ultra-riches quant à leur rôle dans la société
Alors que la pandémie a exacerbé les inégalités en enrichissant les milliardaires tandis que des millions de personnes basculaient dans la pauvreté, il y a urgence à agir. C’est une question d’équité mais aussi de cohésion sociale et de stabilité de nos démocraties menacées par la défiance envers les élites.
L’impôt n’est pas une punition mais la contribution indispensable de chacun au financement de l’intérêt général, à hauteur de ses moyens. À l’heure où les États sont surendettés et doivent relever des défis immenses comme le changement climatique, il est temps que les super-riches mettent la main au pot.
L’engagement des pays du G20 à mieux les taxer est un premier pas encourageant. Mais le plus dur reste à faire pour passer des paroles aux actes malgré les réticences de certains. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si les États sont prêts à joindre le geste à la parole afin de bâtir un monde post-Covid plus juste et durable.