Près de deux décennies se sont écoulées depuis le massacre de Tak Bai en Thaïlande, mais les familles des victimes attendent toujours désespérément que justice soit rendue. Alors que l’échéance fatidique du délai de prescription de 20 ans approche à grands pas, les experts en droits humains de l’ONU tirent la sonnette d’alarme, craignant que les responsables de ce drame sanglant ne soient jamais inquiétés.
Un procès avorté à quelques jours de la prescription
Le 25 octobre 2004, la petite ville de Tak Bai, dans le sud de la Thaïlande, a été le théâtre d’une répression brutale menée par les forces de sécurité contre une manifestation pacifique. Sept personnes ont été abattues par balles devant un poste de police. Mais l’horreur ne faisait que commencer. Par la suite, 78 autres ont péri asphyxiées, entassées dans des camions militaires, les mains liées dans le dos. Au total, 85 vies ont été fauchées ce jour-là.
Les sept accusés, poursuivis pour ce massacre, devaient comparaître une dernière fois devant le tribunal avant que le couperet de la prescription ne tombe ce vendredi. Mais ils ont tous brillé par leur absence la semaine dernière lors de l’audience finale. Face à cette impasse, le tribunal prévoit de tenir une nouvelle séance le 28 octobre, date à laquelle les poursuites pourraient être purement et simplement abandonnées.
L’ONU appelle la Thaïlande à agir
Consternés par cette perspective, les experts de l’ONU ont publié un communiqué commun pour exprimer leur vive inquiétude. Selon eux, sans action immédiate du gouvernement thaïlandais, ces affaires judiciaires “prendront fin prématurément” dès l’expiration du délai de prescription. Une issue inacceptable pour ces défenseurs des droits humains :
L’incapacité à enquêter et faire comparaître les auteurs en justice est en soi une violation des obligations de la Thaïlande en matière de droits humains.
Les experts de l’ONU
Ils rappellent également que le droit international interdit les délais de prescription pour la torture et les mauvais traitements. Un argument de poids pour inciter les autorités thaïlandaises à prendre leurs responsabilités dans ce dossier.
Une attente insoutenable pour les familles
Presque 20 ans après les faits, l’attente et la douleur des proches des victimes restent immenses. Les experts onusiens pointent du doigt cette souffrance interminable :
Cela fait presque deux décennies que les familles attendent justice.
Les experts de l’ONU
Ils exhortent donc le gouvernement thaïlandais à tout mettre en œuvre pour éviter de nouveaux reports dans l’établissement des responsabilités et garantir le respect des droits des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation. Une demande pressante alors que le temps est compté.
Le sort de sept disparus toujours inconnu
Au-delà des 85 morts officiellement recensés, le mystère plane toujours sur la disparition de sept autres personnes pendant le drame de Tak Bai. Les experts de l’ONU demandent l’ouverture de nouvelles investigations pour faire la lumière sur leur sort. Une requête qui vient s’ajouter à la longue liste des zones d’ombre entourant ce massacre.
Un drame symptomatique d’un conflit qui perdure
Au-delà de son bilan humain effroyable, le massacre de Tak Bai reste l’un des épisodes les plus sanglants de la rébellion des musulmans malais contre l’État thaïlandais dans le sud du pays. Un conflit ancien, qui perdure encore aujourd’hui, et dont les populations civiles sont trop souvent les premières victimes. Dans ce contexte, l’impunité des responsables de tels actes ne fait qu’attiser les plaies et les rancœurs.
La Thaïlande face à ses responsabilités
À l’heure où le délai de prescription arrive à échéance, la pression internationale s’accentue sur la Thaïlande. Le pays sera-t-il capable de surmonter les obstacles pour rendre justice aux victimes de Tak Bai et à leurs familles ? C’est tout l’enjeu des prochains jours, qui s’annoncent décisifs. Car au-delà de ce dossier emblématique, c’est la capacité de la Thaïlande à faire face à son passé et à garantir les droits humains sur son sol qui est en question.