Les relations diplomatiques et commerciales franco-israéliennes se retrouvent sous le feu des projecteurs à l’approche du salon international de défense navale Euronaval. En effet, malgré la décision du gouvernement français d’interdire aux entreprises israéliennes d’exposer les armes utilisées dans les conflits à Gaza et au Liban, au moins deux d’entre elles ont confirmé leur présence à l’événement qui se tiendra début novembre près de Paris.
Cette situation inédite place les organisateurs du salon dans une position délicate. Hugues d’Argentré, directeur général d’Euronaval, a déclaré lors d’une conférence de presse : « Il y aura des entreprises israéliennes qui auront des stands à Euronaval. Pour l’instant, deux d’entre elles ne sont pas concernées par cette mesure de restriction. Pour les cinq autres, c’est en discussion, en négociation. J’espère que d’ici l’ouverture du salon nous aurons trouvé la meilleure solution. »
Un contexte diplomatique tendu
Cette controverse intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et Israël. Le 16 octobre, l’État hébreu avait vivement critiqué la décision française, accusant le président Emmanuel Macron de faire « honte » à son pays. Une réaction qui illustre la complexité des relations entre les deux États, partenaires stratégiques mais divisés sur la question palestinienne.
Pour Hugues d’Argentré, « la décision prise par le gouvernement stipule extrêmement clairement que les entreprises israéliennes sont autorisées à participer au salon, mais ne peuvent disposer d’un stand. Aucun industriel, ni journaliste, ni citoyen, ni visiteur israélien n’est interdit sur le salon. » Les exposants concernés par l’interdiction seront « largement remboursés ».
Un précédent en juin dernier
Ce n’est pas la première fois que la présence d’industriels israéliens de l’armement suscite la polémique en France. Fin mai, lors de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, leur participation au salon Eurosatory avait d’abord été annulée sur décision du gouvernement, avant d’être finalement autorisée par la justice.
L’Ukraine absente malgré une invitation
Si la présence israélienne fait débat, l’absence de l’Ukraine à Euronaval est également à noter. Selon les organisateurs, un espace gratuit avait été proposé aux entreprises ukrainiennes, mais celles-ci ont décliné l’invitation il y a quelques jours, invoquant des problèmes d’organisation.
On leur proposait un espace gratuit. Mais malheureusement, pour des raisons d’organisation, elles ont décliné il y a deux jours, elles nous ont informé que finalement, elles ne pourraient pas venir.
– Hugues d’Argentré, directeur général d’Euronaval
Euronaval, un salon stratégique
Euronaval est le plus grand salon international consacré à l’industrie navale de défense. Il rassemble tous les deux ans les principaux acteurs mondiaux du secteur. Au-delà de sa dimension commerciale, c’est un événement stratégique où se nouent des partenariats et se discutent les grandes orientations en matière de défense et de sécurité maritime.
Un équilibre diplomatique fragile
Dans ce contexte, la participation ou non de certains pays revêt une importance particulière et peut refléter l’état des relations diplomatiques. Le cas israélien illustre la difficulté pour la France de concilier ses intérêts stratégiques, ses principes éthiques et le respect du droit international.
La présence, même partielle, des entreprises israéliennes à Euronaval apparaît comme un compromis permettant de ménager les susceptibilités tout en préservant l’essence du salon. Il n’en reste pas moins que cette polémique jette une ombre sur l’événement et rappelle la complexité du commerce des armes dans un monde marqué par les conflits.
Euronaval ouvrira ses portes le 4 novembre prochain à Villepinte, dans un contexte international tendu où chaque présence, ou absence, sera scrutée et interprétée. Au-delà des enjeux commerciaux, ce salon sera un révélateur des équilibres géopolitiques et des dilemmes éthiques qui traversent l’industrie de la défense.