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Edmundo Gonzalez Urrutia : Candidat Malgré Lui et Prix Sakharov

Edmundo Gonzalez Urrutia, ex-ambassadeur vénézuélien devenu malgré lui candidat à la présidentielle face à Maduro, vient d'être récompensé du prestigieux prix Sakharov. Retour sur son parcours hors du commun et son combat pour la démocratie au Venezuela...

Dans l’ombre de la scène politique vénézuélienne, un homme a vu son destin basculer en quelques mois. Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans, ex-ambassadeur discret jusqu’ici peu connu du grand public, est devenu presque malgré lui le candidat de l’opposition face au président Nicolas Maduro lors de la présidentielle de juillet dernier. Un scrutin très contesté dont les résultats sont toujours disputés. Aujourd’hui en exil en Espagne, M. Gonzalez Urrutia vient d’être récompensé du prestigieux prix Sakharov par le Parlement européen pour son engagement et son sacrifice en faveur de la démocratie au Venezuela.

La présidentielle de la discorde

Selon l’opposition vénézuélienne, qui affirme s’appuyer sur les procès-verbaux des bureaux de vote, c’est bien Edmundo Gonzalez Urrutia qui aurait remporté l’élection présidentielle de juillet 2022 avec au moins 67% des suffrages. Mais le Conseil national électoral, considéré comme acquis au pouvoir en place, en a décidé autrement en proclamant la victoire de Nicolas Maduro avec 52% des voix. Cependant, l’instance n’a pas fourni le décompte détaillé des votes bureau par bureau, invoquant un mystérieux piratage informatique.

Face à ce qui est considéré par beaucoup d’observateurs internationaux comme une fraude électorale, M. Gonzalez Urrutia se retrouve donc aujourd’hui “président élu” pour l’opposition, mais en exil, contraint de fuir les persécutions du pouvoir.

Un candidat “par accident”

Rien ne prédestinait pourtant cet ex-diplomate, très respecté mais peu habitué à la lumière, à se lancer dans la course présidentielle. C’est presque “par accident”, comme il le raconte avec humour, qu’Edmundo Gonzalez Urrutia s’est vu propulsé candidat. En effet, en mars 2022, la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, inéligible, l’a désigné pour porter les couleurs du camp anti-Maduro :

“Un samedi on m’a appelé pour signer une lettre au Conseil national électoral (…) j’entends alors une déclaration dans laquelle ils mettent mon nom comme +couvercle+ (expression pour signifier le provisoire). Ils ne savaient pas que le couvercle allait devenir la bouteille”, s’amuse M. Gonzalez Urrutia.

Un “couvercle” qui a fini par prendre toute la place donc, non sans abnégation de la part de ce “serviteur de la République”, comme le décrit un proche. Car en acceptant ce rôle, Edmundo Gonzalez Urrutia savait qu’il s’exposait à la vindicte du pouvoir et à une possible confiscation de sa tranquille retraite entre Caracas et l’appartement voisin de ses petits-enfants.

De La Victoria à la diplomatie

Né à La Victoria, bourgade de l’État d’Aragua célèbre pour avoir été le théâtre d’une bataille décisive pendant la guerre d’indépendance, M. Gonzalez Urrutia a passé toute son enfance dans cette petite ville avant de “monter” à Caracas pour ses études universitaires.

Après un cursus à la prestigieuse Université centrale du Venezuela (UCV), le jeune homme intègre le ministère des Affaires étrangères où il fera toute sa carrière de diplomate. Ses missions le mèneront notamment en Belgique, où il apprendra le français, puis aux États-Unis pour un diplôme de l’American University de Washington.

Au fil des années et des postes, en Algérie, en Argentine ou au sein des délégations vénézuéliennes lors des grands sommets internationaux, Edmundo Gonzalez Urrutia s’est forgé une solide réputation d’homme de dossiers, travailleur de l’ombre efficace et discret.

Un profil d’anti-Chavez

Cette figure respectée de la diplomatie vénézuélienne avait pris ses distances avec le pouvoir chaviste au début des années 2000, sans pour autant entrer frontalement en dissidence. Son opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia la menait à sa manière, loin des projecteurs.

“C’est un démocrate et un serviteur de la République”, assure Ramon Guillermo Aveledo, ancien secrétaire de la coalition d’opposition Plataforma Unitaria Democratica (PUD). “Un homme cultivé, honnête, familier, inflexible, sans aucun soupçon de populisme”, abonde l’analyste José Toro Hardy.

Entré en résistance discrète donc, mais ferme sur ses principes démocratiques et son rejet de l’autoritarisme du régime de Nicolas Maduro. Des convictions qui l’ont amené, en devenant le candidat anti-pouvoir malgré lui, à prendre des positions courageuses, comme lorsqu’il a écrit une lettre ouverte à l’armée vénézuélienne, pilier du système Maduro, lui demandant de “respecter et faire respecter” le résultat du vote.

L’exil amer et le prix Sakharov

Mais depuis ce scrutin à haut risque, celui que le chavisme qualifie “d’usurpateur” doit vivre caché au Venezuela, sous le coup d’un mandat d’arrêt du pouvoir. Une clandestinité qui a poussé Edmundo Gonzalez Urrutia à l’exil en Espagne en septembre 2022, non sans amertume.

De Madrid, le “président élu” autoproclamé continue malgré tout son combat. En recevant le prix Sakharov 2022 aux côtés de Maria Corina Machado, M. Gonzalez Urrutia a ainsi déclaré :

“La lutte n’est pas terminée (…) face à un régime qui viole systématiquement les droits humains”.

L’Europe, en distinguant ce vénézuélien atypique, au destin “romanesque” selon un diplomate, envoie un message clair de soutien à une opposition vénézuélienne qui se cherche un nouveau souffle. Et consacre au passage le sacrifice d’un homme ordinaire entré presque malgré lui dans l’histoire tourmentée de son pays.

Après un cursus à la prestigieuse Université centrale du Venezuela (UCV), le jeune homme intègre le ministère des Affaires étrangères où il fera toute sa carrière de diplomate. Ses missions le mèneront notamment en Belgique, où il apprendra le français, puis aux États-Unis pour un diplôme de l’American University de Washington.

Au fil des années et des postes, en Algérie, en Argentine ou au sein des délégations vénézuéliennes lors des grands sommets internationaux, Edmundo Gonzalez Urrutia s’est forgé une solide réputation d’homme de dossiers, travailleur de l’ombre efficace et discret.

Un profil d’anti-Chavez

Cette figure respectée de la diplomatie vénézuélienne avait pris ses distances avec le pouvoir chaviste au début des années 2000, sans pour autant entrer frontalement en dissidence. Son opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia la menait à sa manière, loin des projecteurs.

“C’est un démocrate et un serviteur de la République”, assure Ramon Guillermo Aveledo, ancien secrétaire de la coalition d’opposition Plataforma Unitaria Democratica (PUD). “Un homme cultivé, honnête, familier, inflexible, sans aucun soupçon de populisme”, abonde l’analyste José Toro Hardy.

Entré en résistance discrète donc, mais ferme sur ses principes démocratiques et son rejet de l’autoritarisme du régime de Nicolas Maduro. Des convictions qui l’ont amené, en devenant le candidat anti-pouvoir malgré lui, à prendre des positions courageuses, comme lorsqu’il a écrit une lettre ouverte à l’armée vénézuélienne, pilier du système Maduro, lui demandant de “respecter et faire respecter” le résultat du vote.

L’exil amer et le prix Sakharov

Mais depuis ce scrutin à haut risque, celui que le chavisme qualifie “d’usurpateur” doit vivre caché au Venezuela, sous le coup d’un mandat d’arrêt du pouvoir. Une clandestinité qui a poussé Edmundo Gonzalez Urrutia à l’exil en Espagne en septembre 2022, non sans amertume.

De Madrid, le “président élu” autoproclamé continue malgré tout son combat. En recevant le prix Sakharov 2022 aux côtés de Maria Corina Machado, M. Gonzalez Urrutia a ainsi déclaré :

“La lutte n’est pas terminée (…) face à un régime qui viole systématiquement les droits humains”.

L’Europe, en distinguant ce vénézuélien atypique, au destin “romanesque” selon un diplomate, envoie un message clair de soutien à une opposition vénézuélienne qui se cherche un nouveau souffle. Et consacre au passage le sacrifice d’un homme ordinaire entré presque malgré lui dans l’histoire tourmentée de son pays.

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