Alors que les arrivées de migrants augmentent en Grèce, le pays cherche à renforcer sa lutte contre les réseaux de passeurs en coopération avec ses voisins turcs et ses partenaires européens. Mais les pratiques controversées d’Athènes en matière d’accueil suscitent les critiques des ONG.
La Grèce veut sévir contre les passeurs avec la Turquie et l’UE
D’après un haut responsable grec proche du dossier migratoire, la Grèce souhaite discuter avec la Turquie et l’Union européenne de mesures plus dures pour combattre les passeurs de migrants opérant sur son territoire. “Nous ne faisons pas assez pour lutter contre les passeurs de migrants, nous sommes en train d’aborder la question avec nos pairs européens et nos voisins turcs”, a-t-il déclaré sous couvert d’anonymat.
L’objectif est “d’intensifier notre coopération avec la Turquie en matière de lutte contre les réseaux de passeurs“, a précisé ce responsable. Le ministre grec des Migrations, Nikos Panagiotopoulos, devrait aborder le sujet avec son homologue turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, en novembre prochain.
Une hausse de 25% des arrivées de migrants cette année
Selon des estimations du ministère grec, le pays a connu une hausse de 25% des arrivées de migrants fuyant guerre et pauvreté sur les 9 premiers mois de 2024 par rapport à 2023, soit environ 37.000 personnes au total. Leur nombre devrait atteindre les 50.000 d’ici fin 2024.
Située en première ligne avec l’Italie, la Grèce est une porte d’entrée majeure pour les migrants cherchant à rallier l’Europe via la Méditerranée, en provenance principalement de Turquie. Mais cette traversée entre les côtes turques et les îles grecques est périlleuse, donnant lieu à de fréquents naufrages.
Naufrages meurtriers et accusations de refoulements illégaux
Depuis début septembre, neuf personnes dont deux nourrissons ont péri dans trois naufrages distincts au large de Samos et Kos. Les autorités grecques sont souvent accusées par les médias et ONG de procéder à des refoulements illégaux de migrants vers les eaux turques. Une pratique contraire au droit international qu’Athènes a toujours nié.
Plusieurs ONG ont aussi récemment dénoncé les conditions de rétention déplorables des migrants dans les centres d’accueil surpeuplés des îles égéennes. Mais le gouvernement réfute toute pression dans ces installations pouvant accueillir environ 50.000 personnes au total.
Retards dans la construction de nouveaux camps malgré les fonds européens
Il y a trois ans, la Grèce avait reçu 155 millions d’euros de l’UE pour ériger deux nouveaux camps d’accueil sur les îles de Lesbos et Chios. Mais leur achèvement a pris du retard en raison de l’opposition des habitants locaux.
Face à cette situation tendue, Athènes cherche donc à muscler sa coopération avec Ankara et Bruxelles pour endiguer les flux en amont. Reste à savoir si cette approche sécuritaire, décriée par les défenseurs des droits humains, permettra de résoudre durablement la crise migratoire en Grèce et en Europe.