Selon un comité de l’ONU chargé de lutter contre les discriminations, il est temps de revoir à la hausse les objectifs de représentation des femmes dans les instances de décision. Fini le temps où l’on se contentait d’un maigre 30%. Place à une véritable parité, avec autant de femmes que d’hommes aux postes clés.
Une norme de 50-50 dans tous les secteurs
Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination contre les femmes a été on ne peut plus clair. Pour ses experts, la parité devrait être la règle, que ce soit dans les secteurs public, privé, politique, économique ou encore numérique. Terminé le temps des demi-mesures avec des quotas à 30%, jugés “incompatibles avec l’objectif d’éliminer la discrimination” et véhiculant le message que l’inégalité serait acceptable.
La prise de décision aura une signification réelle et dynamique et un effet durable seulement lorsqu’elle sera partagée à 50-50 entre les femmes et les hommes.
Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination contre les femmes
189 pays concernés
Pas moins de 189 pays ont adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. C’est donc un vaste chantier qui s’annonce, sous la surveillance du comité onusien qui veille au respect des engagements par les États signataires. Lors d’une prochaine réunion avec ces derniers, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits humains Volker Türk devrait marteler ce message d’une représentation équitable comme impératif démocratique et vecteur de progrès.
L’échec de la parité, un frein au progrès
Car pour l’ONU, ne pas atteindre cet équilibre empêchera de s’attaquer efficacement aux défis majeurs de notre temps, qu’il s’agisse de paix, de stabilité politique, de développement économique, de changement climatique ou d’avancées technologiques comme l’intelligence artificielle. Sur tous ces sujets brûlants, la voix et la vision des femmes doivent peser autant que celles des hommes.
Des inégalités persistantes
Pourtant, force est de constater qu’aujourd’hui encore, les femmes restent “structurellement exclues” de nombreux processus clés :
- Seulement 16% des négociateurs dans la prévention des conflits et les pourparlers de paix
- 27% des sièges dans les parlements nationaux
- 28% des postes de direction sur le marché du travail
- Sous-représentation criante dans le développement des nouvelles technologies comme l’IA
Outre une juste place dans les organes de pouvoir, le comité appelle à éliminer toute forme de discrimination économique envers les femmes, qu’elle soit inscrite dans les lois ou les pratiques. Inégalités salariales, disparités d’imposition, réglementations défavorables : autant de freins à lever pour bâtir une société réellement paritaire.
Vers un nouveau équilibre
L’appel de l’ONU résonne comme un défi lancé aux États, mais aussi aux entreprises et à la société civile. Atteindre le 50-50 dans les instances de décision exigera des changements profonds, un véritable changement culturel. Mais c’est à ce prix que pourra émerger un nouveau leadership, tourné vers l’inclusion, la diversité et la prise en compte de tous les talents. Un pari audacieux, mais nécessaire pour façonner un monde plus juste et harmonieux.
Le chemin sera long, mais la direction est claire. En inscrivant la parité comme norme incontournable, l’ONU pose un jalon crucial. Aux décideurs politiques et économiques de s’en saisir, pour faire de cette égalité non plus un vœu pieux mais une réalité tangible. L’avenir se joue dès maintenant, dans cette volonté d’entendre et de faire participer pleinement toutes les voix.