Face à l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe le Liban, la communauté internationale s’est fortement mobilisée ce jeudi lors d’une conférence à Paris. Selon les annonces du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, ce sont plus d’un milliard de dollars d’aides qui ont été récoltés pour soutenir le pays des cèdres, dont 800 millions dédiés à l’urgence humanitaire et 200 millions destinés à appuyer l’armée libanaise.
Un élan de solidarité internationale
Cet important effort international dépasse largement les attentes initiales. En effet, début octobre, les Nations Unies avaient lancé un appel à réunir 400 millions de dollars pour venir en aide aux personnes déplacées. Avec un montant deux fois supérieur à l’objectif de départ, la conférence de Paris marque une victoire diplomatique et humanitaire majeure pour le Liban.
Nous avons répondu à l’appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s’ajoutent d’importantes contributions en nature.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Parmi les principaux pays donateurs, les États-Unis se distinguent avec une enveloppe de 300 millions de dollars. La France a quant à elle annoncé une participation à hauteur de 100 millions d’euros, soit environ 108 millions de dollars.
Une crise économique et sociale sans précédent
Cette mobilisation internationale intervient alors que le Liban traverse une période particulièrement sombre de son histoire. Frappé de plein fouet par une grave crise économique, financière et sociale, le pays a également été le théâtre l’été dernier d’un nouveau conflit armé entre Israël et le Hezbollah.
Ce sont quinze années de croissance au Liban qui ont été effacées dans ce contexte dramatique.
Emmanuel Macron, président français
Avec une monnaie nationale qui a perdu plus de 90% de sa valeur, une inflation galopante et un taux de pauvreté qui explose, c’est toute la société libanaise qui se trouve aujourd’hui fragilisée. Dans ce contexte, l’aide humanitaire d’urgence apparaît plus que jamais indispensable pour répondre aux besoins essentiels de la population.
Vers une solution diplomatique durable ?
Au-delà de la réponse à l’urgence humanitaire immédiate, les participants à la conférence de Paris ont également insisté sur la nécessité de trouver une issue diplomatique pérenne à la crise libanaise. L’objectif est d’assurer une sécurité durable pour les populations, aussi bien au Liban qu’en Israël.
Selon les propos de Jean-Noël Barrot, cette solution doit notamment passer par :
- La pleine mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU
- L’arrêt des hostilités de part et d’autre de la frontière libano-israélienne
- Le déploiement massif des forces armées libanaises dans le sud du pays
- Le renforcement de la capacité et du mandat de la Finul, la force intérimaire de l’ONU déployée sur place
L’urgence de l’unité nationale libanaise
Mais la résolution de la crise passe aussi par des avancées sur le plan politique interne au Liban. Depuis près de deux ans, le pays est sans président en raison des divisions entre les différents blocs qui composent le paysage politique libanais.
Une situation intenable pour le ministre français, qui appelle les dirigeants libanais à prendre leurs responsabilités :
Il est inconcevable de laisser aujourd’hui le Liban sans président qui puisse le rassembler et le représenter, qui puisse être le visage et la voix du pays. C’est la condition de la préservation de l’existence même de l’état libanais.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Affaibli par les crises à répétition, miné par les divisions internes et les ingérences extérieures, le Liban joue aujourd’hui sa survie en tant qu’état souverain. Si l’aide internationale massive annoncée à Paris est une bouffée d’oxygène indispensable, elle ne suffira pas à elle seule à sortir le pays du marasme.
Il revient désormais aux responsables politiques libanais, au-delà de leurs clivages, de se montrer à la hauteur des enjeux. L’unité nationale et des réformes profondes apparaissent plus que jamais comme la clé pour redonner un espoir à ce pays meurtri mais à l’immense potentiel, et lui permettre de se projeter à nouveau sereinement vers l’avenir.