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Émeutes à Lisbonne: Un Cap Verdien abattu par la police

La banlieue de Lisbonne est à feu et à sang depuis 3 nuits. Des émeutes ont éclaté après la mort controversée d'un migrant cap verdien abattu par la police. Véhicules brûlés, cocktails molotov... La situation dégénère et...

Depuis trois nuits, la banlieue de Lisbonne est le théâtre de violences urbaines sans précédent. Des émeutes ont éclaté après la mort controversée d’un homme de 43 ans originaire du Cap-Vert, abattu par la police lors d’une opération dans des circonstances troubles. Les incidents se sont propagés dans plusieurs quartiers de la capitale portugaise et sa périphérie, sur fond de tensions communautaires exacerbées.

Un cocktail molotov lancé dans un bus

Symbole de l’escalade de violence, un cocktail molotov a été jeté à l’intérieur d’un autobus à Loures, dans la banlieue nord. Le chauffeur du véhicule a été grièvement brûlé au visage et à la poitrine. Transporté d’urgence à l’hôpital dans un état critique, il lutte actuellement pour sa survie. Cet acte d’une violence inouïe a choqué tout le pays.

D’après une source proche du dossier, l’homme décédé, Odair Moniz, habitait le quartier sensible du Bairro do Zambujal. Les circonstances exactes de sa mort, survenue aux premières heures de lundi lors de cette fameuse opération de police dans le Bairro da Cova da Moura, soulèvent encore de nombreuses questions. Les habitants réclament des réponses et la justice.

Voitures brûlées et vandalisme

Outre le bus incendié, les émeutiers s’en sont pris à des voitures et des poubelles dans de nombreux quartiers de Lisbonne et sa banlieue. Amadora, Sintra, Cascais, Almada… peu de zones ont été épargnées par la déferlante de violence et de vandalisme. D’après les autorités, les incidents ne se sont pas concentrés en un point unique mais se sont disséminés un peu partout.

La police sur le qui-vive

Face à ces débordements, la police a procédé à plusieurs interpellations, notamment deux à Odivelas, et tente de reprendre le contrôle de la situation. Mais la colère gronde toujours, attisée par ce décès qui ravive les tensions entre les forces de l’ordre et une partie de la population issue de l’immigration, souvent parquée dans des quartiers défavorisés.

Le gouvernement et les autorités locales sont sur le pont. Une réunion de crise s’est tenue ce matin entre l’exécutif et les maires de la région de Lisbonne pour évoquer l’escalade de violence et renforcer la sécurité. Mais beaucoup craignent une nouvelle nuit d’émeutes.

Le spectre des émeutes de 2005

Le Portugal garde en mémoire les violentes émeutes urbaines qui avaient secoué le pays en 2005, déjà provoquées par la mort d’un jeune issu de l’immigration, abattu dans des conditions controversées. Les images de voitures en feu et d’affrontements avaient fait le tour du monde, braquant les projecteurs sur les difficultés d’intégration et les discriminations subies par ces populations reléguées en marge des grandes villes.

La mort d’Odair Moniz a agi comme une étincelle sur un brasier de frustrations et d’inégalités qui couvait depuis trop longtemps. Le cocktail est explosif.

– Ricardo Oliveira, sociologue

Pour l’heure, les regards sont tournés vers la banlieue de Lisbonne, qui retient son souffle. Tous espèrent un retour au calme rapide et que la lumière sera faite sur ce drame. Mais les plaies risquent de mettre du temps à cicatriser. Car au-delà des violences, c’est le mal-être profond d’une partie de la jeunesse qui s’exprime. Une jeunesse qui se sent abandonnée, discriminée, sans horizon. Et qui a choisi, cette fois encore, la voie de l’émeute pour crier sa colère et son désespoir.

Les prochains jours s’annoncent décisifs pour éviter que la situation ne s’envenime davantage et que le pays ne sombre dans un nouveau cycle de violences urbaines. Un défi majeur pour le gouvernement portugais, qui va devoir trouver les mots et les actes pour apaiser les tensions et engager un vrai travail de fond sur les maux qui gangrènent ces quartiers depuis trop longtemps. Faute de quoi, le spectre des émeutes de 2005 pourrait brutalement ressurgir.

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