En cette Journée nationale de la résistance, des figures clés du Rassemblement National ont rendu un vibrant hommage aux héros de l’ombre ayant combattu l’Occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Un geste qui a immédiatement suscité l’indignation de la gauche et de la macronie, pointant du doigt les origines controversées de l’ex-Front National.
Marine Le Pen et Jordan Bardella saluent les “soldats de l’ombre”
La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a ainsi partagé sur les réseaux sociaux une photo de Jean Moulin, icône de la Résistance française, accompagnée d’une citation célèbre :
Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.
– Jean Moulin
Elle a ensuite rendu “hommage aux soldats de l’ombre qui ont permis par leur engagement et leur sacrifice de sauver l’honneur d’une nation et de porter l’espérance de tout un peuple“. Son lieutenant Jordan Bardella, lui, a simplement clamé “Honneur à la Résistance!“, partageant un extrait du programme du Conseil National de la Résistance (CNR).
Des réactions outrées à gauche et chez les macronistes
Sans surprise, ces messages ont rapidement enflammé les opposants politiques du RN, particulièrement à gauche et au sein de la majorité présidentielle. Nombreux sont ceux à avoir fait le lien avec la création polémique du Front National en 1972 et le passé collaborationniste de certains de ses fondateurs.
Le député LFI Antoine Léaument a ainsi fustigé Marine Le Pen : “Votre parti a été fondé par des collabos et Waffen SS. Vous êtes les descendants politiques des gens que les Résistants ont combattus“, l’accusant d’être “la honte politique de ce pays“. Son collègue Hadrien Ghomi, lui, a jugé “impossible de gommer un tel passé“.
L’ombre des attaques politiques à l’approche des européennes
Du côté de la macronie, en pleine campagne pour les élections européennes de 2024, la tête de liste Valérie Hayer a souligné que “les héros français de la Résistance ont sacrifié leur vie pour lutter contre ceux dont [Marine Le Pen] est l’héritière politique“. Une charge à laquelle Jordan Bardella a répondu par un photomontage moqueur.
Le directeur de campagne LREM Pieyre-Alexandre Anglade a pour sa part qualifié le message de Marine Le Pen d'”infamie“, martelant que “personne n’est dupe” de sa tentative de s’approprier cet héritage.
Un passé qui rattrape toujours le Rassemblement National
Malgré les efforts de dédiabolisation entrepris depuis plusieurs années par les dirigeants frontistes, le spectre du collaborationnisme et de l’extrême droite historique ressurgit systématiquement lorsque le RN tente de s’emparer de thèmes mémoriels et patriotiques sensibles.
Cette polémique montre une fois de plus la difficulté pour Marine Le Pen et ses troupes de se défaire de ce lourd héritage, véritable boulet politique qui les empêche de bénéficier d’une totale légitimité aux yeux d’une partie des Français quand il s’agit de célébrer l’histoire nationale.
Reste à savoir si cette énième controverse affectera les intentions de vote en faveur du RN à l’approche du scrutin européen, ou si la formation lepéniste parviendra une nouvelle fois à la surmonter pour s’affirmer comme la première force d’opposition face à Emmanuel Macron. L’enjeu est de taille pour la restructuration du paysage politique, à un an de la prochaine élection présidentielle.