Alors que peu de groupes français maintiennent encore une présence en Russie, le géant de la distribution Auchan serait sur le point de vendre sa filiale dans le pays. Selon des informations révélées par une source proche du dossier, l’enseigne de supermarchés de la galaxie Mulliez aurait trouvé un acheteur local et serait entrée dans la phase finale des négociations. La signature de l’accord pourrait intervenir d’ici quelques semaines, marquant ainsi un tournant majeur pour le groupe.
Un patrimoine conséquent en jeu
La vente devra être validée par les autorités russes compétentes, étant donné l’ampleur des actifs concernés. En effet, Auchan possède un vaste réseau de près de 230 magasins sur le territoire russe et emploie pas moins de 28 000 personnes. La Russie représente environ 10% du chiffre d’affaires global du groupe, soit plus de 3 milliards d’euros.
Un contexte géopolitique tendu
La décision d’Auchan de céder le contrôle de ses activités russes au management local intervient dans un contexte particulièrement délicat. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le groupe avait fait l’objet de vives critiques, y compris de la part du président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour avoir maintenu ses opérations dans le pays de Vladimir Poutine.
Auchan avait annoncé en mars 2023 son intention de « céder le contrôle » de ses activités en Russie au « management local ».
Source proche du dossier
Un impact significatif sur les résultats
Ce retrait du marché russe aura des conséquences notables sur les performances financières d’Auchan. Selon les données révélées, les ventes cumulées de la Russie et de l’Ukraine, en baisse de 4,2% l’an dernier, ont fait chuter celles de l’ensemble d’Auchan Retail de 2%. Sans ces deux pays, la croissance aurait atteint 4%.
Vers un recentrage stratégique ?
Au-delà de la Russie, le groupe Mulliez chercherait également à se désengager de la Hongrie où il exploite 24 magasins, dont 19 hypermarchés, pour un chiffre d’affaires avoisinant 1,3 milliard d’euros. Ce pays représente un autre défi, le premier ministre Viktor Orbán menant une politique hostile envers les grandes chaînes de distribution étrangères.
Ces mouvements stratégiques interviennent dans un contexte difficile pour ELO Groupe, maison mère d’Auchan, qui a accusé une perte nette de près d’un milliard d’euros au premier semestre 2024. Le retrait de Russie et potentiellement de Hongrie pourrait permettre au groupe de recentrer ses activités sur des marchés plus porteurs et moins risqués politiquement.
Reste à savoir si ces cessions suffiront à redresser la barre et à redonner un nouvel élan à l’enseigne. Les prochains mois seront décisifs pour Auchan qui devra démontrer sa capacité à se réinventer dans un secteur de la grande distribution en pleine mutation, tout en composant avec des enjeux géopolitiques de plus en plus prégnants.