Lors de sa visite d’État en Allemagne ce lundi, le président français Emmanuel Macron a livré un discours pour le moins fracassant à Dresde. Devant une assistance composée de nombreux Européens de l’Est, le chef de l’État a tiré la sonnette d’alarme sur la montée de l’extrême droite qui menace selon lui l’avenir du projet européen. Une prise de parole choc à quelques jours d’élections européennes cruciales.
« L’Europe peut mourir » : Macron frappe fort
C’est un Emmanuel Macron très solennel qui s’est présenté lundi sur l’estrade dressée devant la majestueuse Frauenkirche, l’église Notre-Dame de Dresde, symbole de la réconciliation européenne. Dans un discours aux accents de meeting, ponctué de passages en allemand, le président français a voulu faire passer un message clair : l’Europe est à la croisée des chemins, et les « mauvaises décisions » pourraient lui être fatales.
« L’Europe peut mourir si elle prend les mauvaises décisions. Il est de notre responsabilité de la réveiller. Nous devons ouvrir les yeux sur les dérives et les manipulations. »
Emmanuel Macron, à Dresde le 27 mai 2024
Le chef de l’État a particulièrement mis en garde contre les sirènes de l’extrême droite, qui selon lui « se nourrit du doute, des fausses informations et des peurs ». À moins de deux semaines d’élections européennes où les partis populistes espèrent réaliser une percée, Macron a enjoint les Européens à ne pas céder à la tentation du repli identitaire.
Une Europe unie mais pas uniforme
Emmanuel Macron a également profité de cette tribune pour clarifier sa vision de l’Europe. Rejetant l’idée d’une « Europe uniforme » gommant les spécificités nationales, il a plaidé pour une Europe unie dans sa diversité, respectueuse des identités mais soudée autour de « valeurs intangibles » comme l’État de droit et la liberté d’expression.
Le président a aussi insisté sur l’importance de bâtir une défense européenne pour ne plus dépendre des États-Unis. Un chantier appelé à devenir la priorité de la prochaine Commission européenne selon lui.
L’ombre du RN et de l’AfD
Si Macron n’a cité aucun parti, ce discours résonne comme une mise en garde implicite contre le Rassemblement National en France et l’Alternative für Deutschland en Allemagne. Les deux formations espèrent réaliser un score historique aux prochaines élections, sur fond d’inquiétudes migratoires et identitaires.
Les derniers sondages créditent le RN de 33% des voix en France contre seulement 15,5% pour Renaissance, le parti présidentiel. Outre-Rhin, l’AfD est donnée au coude-à-coude avec la CDU d’Angela Merkel. De quoi nourrir les craintes d’un séisme politique le 9 juin prochain.
Unis pour relever les défis
Face à ces périls, Emmanuel Macron a appelé à « l’unité des démocrates » par-delà les clivages. Il a vanté la relation franco-allemande comme le ciment de la construction européenne, n’hésitant pas à conclure son discours par un vibrant « Vive l’amitié franco-allemande ! » en allemand dans le texte.
Un appel solennel qui vise à remobiliser le camp pro-européen, à l’heure où l’avenir de l’UE semble plus incertain que jamais. Reste à savoir si cet électrochoc made in Macron suffira à inverser la dynamique populiste. Réponse dans les urnes, le 9 juin.
