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Mozambique : Résultats Électoraux Contestés, L’Opposition Appelle à Manifester

Le Mozambique s'apprête à vivre des heures décisives. Alors que l'annonce des résultats électoraux est attendue, l'opposition dénonce des fraudes massives et appelle la population à descendre dans la rue. La tension est à son comble dans ce pays d'Afrique australe où le spectre de la violence plane. Maputo, la capitale, s'est transformée en ville fantôme, dans l'attente du verdict des urnes qui s'annonce explosif. Un face-à-face s'engage entre...

Dans un Mozambique en ébullition, tous les regards sont braqués vers la commission électorale. Ce jeudi après-midi, elle doit annoncer les résultats d’un scrutin présidentiel et législatif sous haute tension. Des élections entachées de nombreuses irrégularités selon les observateurs, et dont l’issue pourrait faire basculer le pays dans le chaos.

Un pays au bord de l’implosion

À Maputo, la capitale, l’atmosphère est électrique. Les rues d’ordinaire animées sont désormais désertes, comme si la vie s’était arrêtée. Les habitants retiennent leur souffle, conscients que les prochaines heures seront décisives pour l’avenir de leur nation.

Au cœur de ce climat délétère, un homme incarne la contestation : Venancio Mondlane, le principal opposant. Depuis plusieurs jours, il dénonce avec force ce qu’il qualifie de “fraudes massives” et revendique la victoire. Selon son décompte parallèle, il aurait remporté 54% des voix dans la province de Nampula, un bastion de l’opposition. Des chiffres en totale contradiction avec les résultats partiels donnant une large avance au candidat du parti au pouvoir, le Frelimo.

L’ombre du Frelimo

Le Frelimo, c’est ce parti qui règne sans partage sur le Mozambique depuis l’indépendance en 1975. Un demi-siècle de pouvoir sans interruption, marqué par une guerre civile sanglante jusqu’en 1992. Si un accord de paix définitif a été signé en 2019 avec la Renamo, l’ex-rébellion devenue principal parti d’opposition, les plaies sont encore vives.

C’est dans ce contexte que le Frelimo a choisi à la surprise générale d’investir Daniel Chapo, un quasi-inconnu sans expérience gouvernementale, pour briguer la présidence. À 47 ans, il pourrait devenir le premier chef d’État mozambicain né après l’indépendance et n’ayant pas combattu lors de la guerre civile. Un changement de génération à hauts risques.

Venancio Mondlane, l’homme qui défie le pouvoir

Face à lui, Venancio Mondlane incarne le renouveau et l’espoir d’une alternance historique. Cet ancien animateur de radio de 50 ans, qui a fait dissidence de la Renamo, a su galvaniser la jeunesse mozambicaine avec ses discours enflammés sur les réseaux sociaux.

Il faut paralyser le pays pour démontrer au gouvernement illégitime, illégal et immoral du parti Frelimo que le peuple est aux commandes”.

– Venancio Mondlane lors d’un direct sur les réseaux sociaux

Un appel à la “révolte” et à “créer le chaos à des fins politiques” qui pourrait s’apparenter à des “actes délictueux”, a averti le président sortant Filipe Nyusi. Mais “Venancio” ne compte pas reculer, même s’il se dit prochaine “cible à abattre” après l’assassinat de son avocat en pleine rue ce week-end.

Maputo, une ville fantôme

Dans les rues de Maputo paralysées par la peur, l’inquiétude est palpable. Les commerces ont baissé leur rideau, les administrations tournent au ralenti. Chacun se prépare au pire, certains faisant des provisions de nourriture en prévision de troubles.

Pour beaucoup d’analystes, l’ampleur de la contestation dépendra de la réaction des forces de l’ordre. Une répression violente ne ferait qu’attiser la colère et précipiter le pays dans le chaos. Mais le pouvoir laissera-t-il les manifestants occuper la rue ? Le Mozambique retient son souffle.

Une jeunesse avide de changement

Au-delà de la bataille des chiffres, ces élections mettent en lumière les profondes aspirations de la jeunesse mozambicaine. Une nouvelle génération qui rêve d’alternance après des décennies de domination du Frelimo et de stagnation économique.

Dans tous les quartiers, on va descendre dans la rue, il n’y aura pas assez de balles pour tout le monde, pas de gaz lacrymogènes, pas assez de blindés.

– Venancio Mondlane lors d’un appel à manifester

Des mots forts qui résonnent chez ces jeunes en quête d’un avenir meilleur. Ils voient en “Venancio” un leader charismatique capable de bousculer l’ordre établi et d’incarner le changement. Quitte à en payer le prix fort dans les rues de Maputo et des grandes villes du pays.

Un scrutin sous haute surveillance internationale

Face aux tensions et aux risques de dérapages, la communauté internationale est en alerte. Plusieurs chancelleries ont appelé au calme et à la retenue, enjoignant les acteurs politiques à respecter le choix des urnes et les règles démocratiques.

L’Union Européenne, via son chef de la diplomatie Josep Borrell, a demandé à ce que “les résultats reflètent la volonté des électeurs” et que “tout challenge ou désaccord soit traité par les voies légales et pacifiques”. Un message également martelé par les États-Unis et l’Union Africaine.

Autant d’appels qui resteront lettre morte si les résultats sont perçus comme frauduleux par une large part de la population. Le Mozambique joue son avenir démocratique et sa stabilité dans les prochaines heures. Le monde entier aura les yeux rivés sur Maputo et guettera la fumée blanche ou noire qui s’échappera des bureaux de la commission électorale. Verdict imminent.

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