Le Niger est en deuil. Hama Amadou, figure incontournable de la politique nigérienne depuis plus de trois décennies, s’est éteint mercredi soir à l’âge de 74 ans. Surnommé “le phénix” pour ses multiples retours sur le devant de la scène après des traversées du désert, celui qui fut à deux reprises Premier ministre laisse derrière lui un héritage politique considérable et controversé.
Une ascension fulgurante sous le signe du pouvoir
Né en 1950 dans un village peul proche de la capitale Niamey, Hama Amadou commence sa carrière à l’ombre du président Seyni Kountché dans les années 70. Mais c’est véritablement dans les années 2000 qu’il s’impose comme un acteur politique de premier plan. Premier ministre de 2000 à 2007, président de l’Assemblée nationale, il semble alors promis à un avenir radieux.
Les premières ombres au tableau
Mais en 2009, un séjour en prison pour une affaire de détournement de fonds vient ternir son image. Hama Amadou crie au complot politique orchestré par le président de l’époque, Mamadou Tandja, pour l’écarter de la course présidentielle. Un non-lieu sera finalement prononcé, mais le mal est fait. C’est le début d’une longue série de démêlés judiciaires et politiques.
De la lumière à l’ombre, un destin en dents de scie
En 2011, coup de théâtre. Hama Amadou se rallie à la surprise générale à son ancien rival Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle. Un soutien décisif qui lui permet de retrouver brièvement les sommets en accédant à la présidence de l’Assemblée. Mais l’idylle est de courte durée. Dès 2014, il claque la porte de la coalition au pouvoir et redevient le principal opposant.
S’ensuit une nouvelle traversée du désert. Condamné en 2015 dans une trouble affaire de trafic de bébés, il est contraint à l’exil. Mais même emprisonné, il parvient à terminer deuxième de la présidentielle de 2016 avec près de 18% des voix. Un score remarquable pour celui qui n’a pas pu faire campagne.
Un dernier combat contre le président Bazoum
De retour au Niger après une libération conditionnelle en 2019, Hama Amadou est une nouvelle fois empêché de se présenter à la présidentielle de 2021. Accusé d’être l’instigateur des violences post-électorales, il est brièvement emprisonné avant de s’envoler pour la France pour raisons médicales. Malgré le coup d’État qui renverse le président Bazoum en 2023, il restera étonnamment en retrait de la vie politique jusqu’à son décès.
Un héritage contrasté
Adulé par ses partisans pour son charisme et son franc-parler, honni par ses détracteurs qui voient en lui un homme assoiffé de pouvoir, Hama Amadou laisse derrière lui un héritage contrasté. Celui d’un “phénix” de la politique nigérienne qui aura marqué de son empreinte l’histoire mouvementée de son pays, pour le meilleur et pour le pire.
Hama Amadou était un animal politique comme le Niger en a rarement connu. Son destin tumultueux restera dans les mémoires comme le symbole d’une époque troublée.
Un proche de l’ancien Premier ministre
Une chose est sûre : le Niger perd l’un des personnages les plus marquants et les plus complexes de son histoire politique récente. Un “phénix” qui aura définitivement tiré sa révérence, non sans laisser son empreinte indélébile sur le destin de son pays. L’histoire jugera de son héritage, entre ombres et lumières.