Quand des débordements surviennent dans les stades de football, le réflexe des autorités est souvent le même : convoquer en urgence une réunion pour soi-disant régler le problème. C’est exactement ce qui s’est passé cette semaine après les incidents du week-end dernier en Ligue 1. Mais cette énième “table ronde” suffira-t-elle vraiment à ramener l’ordre dans les tribunes ?
Chants homophobes et violences : le football français une nouvelle fois pointé du doigt
Samedi dernier, lors de la rencontre PSG-Strasbourg au Parc des Princes, des chants homophobes ont résonné dans les tribunes parisiennes. Le lendemain, de sérieux incidents ont éclaté en marge du match Montpellier-OM à la Mosson. Bilan : des affrontements entre supporters et avec les forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés.
Face à ces débordements, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a rapidement réagi sur les réseaux sociaux, se disant indigné que “chaque semaine, le sport soit le théâtre d’agissements intolérables”. Il a annoncé la tenue d’une réunion cette semaine avec les instances du football français pour “prendre les mesures nécessaires au retour de l’ordre dans les stades et en marge des rencontres”.
La FFF et la LFP affichent leur volonté de collaborer
Du côté des instances, on assure partager la volonté des pouvoirs publics que le football se déroule dans des conditions apaisées et respectueuses des valeurs. Le président de la Fédération Française de Football (FFF) Philippe Diallo se dit prêt à une “collaboration pleine et entière”, estimant que si beaucoup a déjà été fait, il faut poursuivre les efforts face à des incidents “parfois dramatiques”.
On partage le souhait des pouvoirs publics que la pratique du football puisse se faire dans des conditions totalement apaisées dans et hors des stades et dans le respect de nos valeurs.
Philippe Diallo, président de la FFF
La Ligue de Football Professionnel (LFP) rappelle de son côté son engagement de longue date aux côtés de plusieurs associations dans la lutte contre l’homophobie et toutes les discriminations, avec des actions dans les clubs. Elle transmet aussi systématiquement les débordements à sa commission de discipline.
De nombreux moyens déjà investis, mais des incidents récurrents
Pourtant, malgré les nombreux moyens investis depuis des années par les instances du football, les incidents dans les stades restent monnaie courante. Insultes, chants discriminatoires, affrontements entre supporters ou avec les forces de l’ordre… Les débordements se suivent et se ressemblent, mettant en lumière les limites des dispositifs actuels.
La réponse des autorités est également très souvent la même : convoquer une énième réunion en urgence, multiplier les déclarations d’intention… avant que de nouveaux incidents ne surviennent quelques semaines plus tard. Un éternel recommencement qui souligne l’inefficacité des mesures prises jusqu’ici.
C’est bien de rappeler à l’ordre, mais quand la punition n’est que d’être simplement privé de dessert, copier quelques lignes ou ranger sa chambre, on n’avance pas et c’est un éternel recommencement…
Un commentaire sur le site de L’Equipe
Vers des sanctions plus sévères ?
Face à ce constat, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des sanctions plus fermes et dissuasives à l’encontre des fauteurs de troubles. Interdictions de stade plus systématiques, fermeture de tribunes, voire de stades, amendes plus lourdes pour les clubs…
Certains évoquent aussi la nécessité de renforcer la sécurisation des stades et de leurs abords, par une présence policière accrue ou l’utilisation de technologies de reconnaissance faciale pour identifier les auteurs de débordements. Des pistes qui soulèvent des questions en termes de libertés publiques et de proportionnalité des moyens.
Une chose est sûre : il est urgent d’agir pour enrayer ces violences récurrentes qui ternissent l’image du football et menacent son avenir. Les instances sportives et les pouvoirs publics doivent trouver les moyens d’une action résolue et coordonnée. Au-delà de l’indignation de façade et des effets d’annonce, c’est un véritable électrochoc qui est nécessaire pour que le football redevienne la fête populaire et familiale qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Il faudra cependant plus que des mots et des réunions pour y parvenir. Car le mal est profond, fruit d’années de laxisme et de résignation face à des dérives trop longtemps tolérées. Retrouver des stades apaisés et sereins demandera un engagement total et des actes forts. Les autorités du football sauront-elles être à la hauteur de ce défi ? Les prochaines semaines nous le diront.