Un évènement diplomatique majeur vient de se produire à la Douma, le Parlement russe. Les députés ont voté à l’unanimité la ratification d’un traité de “partenariat stratégique global” entre la Russie et la Corée du Nord. Un rapprochement qui inquiète fortement les pays occidentaux, dans le contexte du conflit ukrainien qui s’enlise depuis plus de 32 mois.
Un traité aux implications majeures
Ce traité avait été signé en juin dernier, lors d’une rare visite du président Vladimir Poutine à Pyongyang. Il prévoit notamment en son article 4 “une aide militaire immédiate” en cas d’agression armée de pays tiers. Une disposition lourde de sens, alors que l’armée ukrainienne contrôle plusieurs centaines de kilomètres carrés du territoire russe depuis son offensive surprise déclenchée début août.
Ce traité de partenariat entre la Russie et la Corée du Nord ne devrait inquiéter personne, il n’est pas dirigé contre des pays tiers.
Un porte-parole du Kremlin
Mais selon des sources occidentales, entre 3 000 et 12 000 soldats nord-coréens auraient déjà été envoyés dans l’est de la Russie pour y suivre un entraînement militaire. S’ils venaient à combattre aux côtés de l’armée russe en Ukraine, ils seraient considérés comme des “cibles militaires légitimes” a prévenu un porte-parole de la Maison Blanche. Une escalade potentiellement dangereuse du conflit.
Un rapprochement russo-nord-coréen
Au delà de l’aspect militaire, ce traité prévoit aussi des échanges économiques renforcés entre les deux pays, tous deux sous le coup de lourdes sanctions internationales. L’objectif affiché est de “minimiser l’impact” de ces sanctions et d’oeuvrer à la mise en place d’un “système international multipolaire”, une formule souvent utilisée par Moscou pour contrer ce qu’elle appelle “l’hégémonie” américaine.
Ce rapprochement spectaculaire entre la Russie et la Corée du Nord s’est accéléré depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022. Pyongyang est d’ailleurs soupçonné par les Occidentaux de fournir d’importantes quantités d’obus et de missiles à l’armée russe.
Une démonstration de force au sommet des Brics
Le vote de la Douma intervient symboliquement le jour de la clôture du sommet des Brics à Kazan, en Russie. Ces 9 pays, parfois présentés comme le “Sud global”, pèsent près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète.
Vladimir Poutine y a multiplié les rencontres bilatérales, s’employant à démontrer l’échec de la politique d’isolement diplomatique visant son pays. Il doit notamment rencontrer dans la soirée le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, une première depuis avril 2022.
Ce traité russo-nord-coréen, ratifié dans ce contexte, apparaît donc comme un véritable défi lancé à la communauté internationale. Une façon pour Moscou et Pyongyang de démontrer qu’ils ne sont pas isolés et qu’ils entendent bien poursuivre et approfondir leur coopération, en dépit des pressions occidentales.
Quelles conséquences possibles ?
Reste à savoir maintenant quelles seront les implications concrètes de ce traité. La Corée du Nord va-t-elle réellement s’engager militairement aux côtés de la Russie en Ukraine ? Quel sera l’impact réel sur les économies des deux pays, déjà lourdement pénalisées par les sanctions ?
Une chose est sûre, ce rapprochement entre deux des régimes les plus autoritaires et les plus isolés de la planète sera scruté avec attention et inquiétude par la communauté internationale. Il pourrait marquer une nouvelle étape dans la polarisation géopolitique mondiale et la constitution de blocs antagonistes.
Et il risque de compliquer encore un peu plus les efforts diplomatiques pour trouver une issue au conflit ukrainien, qui continue de faire rage avec son lot quotidien de destructions et de victimes. Un conflit qui semble de plus en plus enlisé et dont l’issue apparaît chaque jour plus incertaine.