Dans un contexte international déjà tendu, la ratification jeudi à l’unanimité par les députés russes d’un traité de “partenariat stratégique global” avec la Corée du Nord suscite de vives inquiétudes. Alors que les combats font rage en Ukraine depuis plus de 32 mois, les Occidentaux affirment disposer de preuves sur la présence de milliers de soldats nord-coréens en Russie, y voyant le risque d’une escalade majeure du conflit.
Un traité prévoyant une “aide militaire immédiate”
Signé en juin dernier lors d’une rare visite du président Vladimir Poutine à Pyongyang, le traité russo-nord-coréen a été approuvé jeudi par les 397 députés de la Douma, chambre basse du Parlement russe. Il doit encore être examiné début novembre par la chambre haute avant d’être signé par le président russe.
L’article 4 de ce texte prévoit notamment “une aide militaire immédiate” en cas d’agression armée de pays tiers. Concrètement, “si l’une des parties subit une attaque armée et se retrouve en état de guerre, l’autre partie accordera immédiatement une aide militaire ou autre par tous les moyens à sa disposition“, conformément au droit international.
Pyongyang nie mais les Occidentaux s’inquiètent
Officiellement, la Corée du Nord dément fournir des forces à la Russie pour son offensive en Ukraine, parlant de “rumeur sans fondement”. Moscou n’a pas non plus confirmé la présence de soldats nord-coréens sur son sol. Mais selon des informations des services de renseignement sud-coréens et américains :
- Entre début et mi-octobre, au moins 3000 soldats nord-coréens auraient été déplacés dans l’est de la Russie
- Jusqu’à 12000 militaires nord-coréens pourraient être envoyés pour aider les forces russes
- Les soldats auraient voyagé par bateau de la région de Wonsan en Corée du Nord jusqu’à Vladivostok avant de rejoindre des sites d’entraînement russes
Les États-Unis jugent cette possibilité “très inquiétante”, prévenant que ces soldats, s’ils combattent en Ukraine, seront considérés comme des “cibles militaires légitimes”.
Séoul met en garde contre une “provocation”
De son côté, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a averti jeudi que son pays ne resterait “pas les bras croisés” face au déploiement de troupes nord-coréennes en Russie. Il y voit une “provocation qui menace la sécurité mondiale”.
Un rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang
Depuis le début de son offensive en Ukraine en février 2022, la Russie s’est considérablement rapprochée de la Corée du Nord. Outre l’aide militaire, leur traité prévoit aussi des “efforts en vue d’une croissance des échanges commerciaux” et “visant à minimiser l’impact” des sanctions économiques qui frappent les deux pays.
Les Occidentaux accusent également Pyongyang de fournir quantités d’obus et de missiles à l’armée russe. Une coopération que Moscou juge légitime et qui selon le Kremlin “ne devrait inquiéter personne” car elle n’est “pas dirigée contre des pays tiers”.
L’Ukraine inquiète mais déterminée
Bien que préoccupée par ce rapprochement russo-nord-coréen, l’Ukraine affiche sa détermination. L’armée ukrainienne contrôle plusieurs centaines de kilomètres carrés en territoire russe depuis son offensive surprise début août dans la région de Koursk. A l’est en revanche, les troupes russes continuent de progresser, malgré une résistance acharnée.
Nous ne pouvons pas dicter à d’autres pays avec qui s’allier. Mais nous lutterons jusqu’au bout pour défendre notre terre et notre peuple, quels que soient les renforts ennemis.
– Un haut responsable ukrainien
Reste à voir si cette alliance entre deux des régimes les plus autoritaires et isolés au monde fera basculer le rapport de force. Mais elle illustre la polarisation croissante dans ce conflit qui s’enlise et dont l’issue semble plus que jamais incertaine, 32 mois après son début.
