Le paysage politique japonais est en ébullition. Shigeru Ishiba, nouveau Premier ministre, suscite à la fois de l’espoir et de l’inquiétude avant les élections législatives. Ce vétéran de 67 ans, expert en sécurité et passionné de trains miniatures, doit relever de nombreux défis pour s’imposer durablement.
Un “outsider” au profil atypique
Élu en septembre à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), Shigeru Ishiba détonne par rapport à ses prédécesseurs. Connu pour ses prises de position critiques envers la ligne du parti sous l’ère Shinzo Abe, il peine à s’imposer en interne malgré sa popularité auprès du public.
Son goût pour les maquettes militaires, comme celle d’un porte-avions soviétique fabriquée pour la venue d’un ministre russe de la Défense, témoigne de sa singularité. Ishiba incarne un renouveau après le mandat de Fumio Kishida, plombé par l’inflation, des scandales financiers et les liens du PLD avec l’Église de l’Unification.
Des élections législatives anticipées
Pour asseoir son autorité et créer “un nouveau Japon”, Shigeru Ishiba a convoqué des élections anticipées. Il espère ainsi obtenir la confiance des électeurs et un mandat clair pour mener ses réformes :
- Revitalisation des zones rurales
- Mesures natalistes comme des horaires de travail flexibles
- Hausse du salaire minimum de près de 43% d’ici 10 ans
Sur la scène internationale, il met en garde contre les divisions croissantes, faisant un parallèle entre l’Ukraine et l’avenir potentiel de l’Asie orientale, dans une référence voilée à la Chine.
Des revirements qui fragilisent sa position
Mais rapidement, l’état de grâce s’estompe. Les sondages, d’abord encourageants, deviennent alarmants pour la coalition au pouvoir. En cause : plusieurs revirements du Premier ministre sur des sujets sociétaux et économiques :
- Nom de famille unique pour les couples mariés
- Normalisation de la politique monétaire de la Banque du Japon
- Taxation des plus-values
Ces volte-face brouillent son image d’homme de conviction et fragilisent sa crédibilité. Selon une source proche du dossier, Ishiba peine aussi à se démarquer et à imposer sa vision comme avait su le faire Shinzo Abe.
Un avenir politique incertain
Le dernier sondage de l’agence Kyodo donne seulement 41,4% d’opinions favorables au gouvernement, contre 42% une semaine plus tôt. D’autres projections indiquent que le PLD pourrait perdre sa majorité absolue au Parlement pour la première fois depuis 2009.
“Si la coalition au pouvoir, ou même simplement le PLD, perd la majorité, Ishiba devra faire face à des critiques sévères de la part des membres du parti” souligne un analyste politique.
– Yosuke Sunahara, professeur à l’université de Kobe
Même si son camp l’emporte, Shigeru Ishiba doit impérativement rebondir et imposer sa marque pour espérer durer au poste de Premier ministre. Sinon, sa longévité à la tête du gouvernement japonais pourrait se limiter à quelques mois seulement. Les élections de dimanche s’annoncent donc décisives pour son avenir politique.