Un vent nouveau souffle sur l’Europe. Face à l’urgence climatique et la nécessité d’une transition énergétique rapide, les pays riverains de la mer du Nord ont décidé d’unir leurs forces. Leur ambition ? Installer pas moins de 20 000 éoliennes offshore d’ici 2050, une véritable révolution verte pour le Vieux Continent. Mais dans ce pari audacieux, un obstacle de taille se dresse : la concurrence féroce de la Chine, qui trustait en 2022 plus de 82% des commandes mondiales d’éoliennes selon le cabinet Wood Mackenzie.
Une dynamique européenne à préserver
C’est dans ce contexte que s’est tenu jeudi au Danemark un sommet réunissant huit pays européens ainsi que la Commission européenne. L’enjeu était de taille : concrétiser les engagements en matière d’éolien offshore et tracer une voie claire vers la transition énergétique. Car comme le souligne Lars Aagaard, ministre danois de l’Énergie, l’UE ne peut pas se permettre de perdre sa dynamique dans ce domaine stratégique.
Le choix du Danemark n’est pas anodin. Ce petit pays scandinave fait figure de pionnier, avec son premier parc éolien en mer inauguré dès 1991. Aujourd’hui, plus de 40% de son énergie provient des éoliennes, un exemple à suivre pour beaucoup.
Le défi chinois
Mais l’Europe ne part pas seule dans cette course. La Chine a pris une longueur d’avance impressionnante ces dernières années, trustant l’essentiel du marché mondial. Un défi de taille pour l’industrie européenne, qui doit impérativement monter en puissance pour rester dans la course.
C’est tout l’enjeu du port d’Odense au Danemark, où se sont réunis les dirigeants européens. Ici, dans l’ancien fief des chantiers navals Maersk, on produit désormais à la chaîne des composants pour éoliennes destinés à toute l’Europe et au-delà. Nacelles, mâts, fondations… Plus d’un millier d’unités sont déjà sorties de ces imposants ateliers depuis 2011, sous l’égide du géant Vestas.
Nous sommes aujourd’hui leader mondial, mais les Chinois frappent à notre porte.
Carsten Aa, directeur du port d’Odense
Miser sur l’expérience et la formation
Pour faire face, l’Europe mise sur son expérience et son savoir-faire. À Odense, on est passé en quelques années “d’une zone industrielle désuète à une installation moderne de production de pointe” en recyclant les anciens des chantiers navals. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres sites, à l’image du port de Nantes Saint-Nazaire en France qui vient d’annoncer un projet similaire.
L’enjeu est aussi celui de l’emploi. Malgré la fermeture des chantiers navals en 2009 qui employaient 2700 personnes, le port d’Odense compte aujourd’hui plus de 3200 salariés, preuve que la transition énergétique peut être créatrice d’activité. Et ce n’est qu’un début, car le site continue de s’agrandir pour faire face à la demande croissante.
Quel avenir pour l’éolien européen ?
Au-delà des enjeux industriels, c’est toute la stratégie énergétique de l’Europe qui est en jeu. Avec 20 000 éoliennes prévues en mer du Nord, l’objectif est ambitieux mais à la hauteur des défis climatiques. Reste à transformer l’essai et à tenir la distance face à la concurrence chinoise.
Le sommet d’Odense aura permis de poser les jalons d’une coopération renforcée entre pays européens. Mais il faudra plus que des déclarations d’intention pour faire de l’Europe un leader mondial de l’éolien offshore. Les prochains mois seront décisifs pour concrétiser ces ambitions et donner un nouvel élan à la transition énergétique du continent. L’avenir de l’Europe se joue aussi en mer du Nord.