ActualitésInternational

L’UE met fin au financement de l’université islamiste turque

Après un an d'enquête, les eurodéputés ont enfin décidé de couper les vivres à cette université turque aux positions radicales. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ? Les détails de cette affaire qui interroge sur...

Un an après les révélations du site Fdesouche sur le financement européen d’une université islamiste turque via le programme Erasmus, les députés du Parlement européen ont finalement décidé de mettre un terme à cette collaboration pour le moins étonnante. Retour sur une affaire qui interroge sur les critères de sélection des partenaires par l’Union européenne.

Une université turque controversée

Tout commence en septembre 2022 lorsque le site d’information Fdesouche révèle que l’Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep, en Turquie, bénéficie depuis juin de la même année d’un partenariat Erasmus+ avec l’Union européenne. Ce qui permet à ses étudiants et professeurs d’être accueillis dans des universités européennes, et inversement.

Le hic ? Cette université est connue pour les positions radicales de son recteur-fondateur, Nihat Hatipoğlu, nommé par le président turc Erdoğan lui-même. Ce dernier a notamment fait la promotion des mariages consanguins, considère l’homosexualité comme une maladie et a même converti de force à l’islam un jeune arménien chrétien de 13 ans en direct à la télévision turque.

Un recteur aux propos inquiétants

En réaction aux autodafés de corans en Suède début 2023, Nihat Hatipoğlu a déclaré, en tant que recteur de l’université :

Tous les misérables qui ont attaqué le livre du Tout-Puissant, notre prophète et nos saints tout au long de l’histoire ont été enterrés dans les poubelles de l’histoire.

Des propos qui montrent bien l’état d’esprit de celui qui dirigeait cette université lorsque la Commission européenne a décidé de l’intégrer au programme Erasmus+. Mais ce n’est pas tout.

Des liens troublants avec les Frères musulmans

L’enquête de Fdesouche révèle également que l’université a noué un partenariat avec Al Sharq Forum, une puissante ONG turque proche des Frères musulmans. Et devinez quoi ? Cette ONG est aussi grassement subventionnée par la Commission européenne !

Malgré le changement de recteur en mars 2023, la rhétorique radicale persiste. Le nouveau recteur, Şehmus Demir, condamnait en décembre “le tyrannique, barbare et inhumain génocide commis par Israël” et proférait des menaces voilées :

À moins que les habitants de Gaza ne soient en sécurité, ni Israël ni aucune partie du monde ne le seront.

Deux poids, deux mesures

Pendant ce temps-là, la Commission européenne n’hésite pas à exclure 21 universités hongroises d’Erasmus+ sous prétexte qu’elles seraient administrées par des proches du gouvernement Orban. Une injustice flagrante quand on voit la mansuétude dont elle fait preuve envers l’université turque islamiste de Gaziantep.

Malgré les tentatives de la Hongrie de se mettre en conformité avec les exigences européennes, Bruxelles refuse toujours de revenir sur sa décision. Un traitement différencié qui pose question.

Le réveil des députés européens

Heureusement, les révélations de Fdesouche ont fini par faire réagir certains députés européens, à l’image de Bruno Retailleau et Benjamin Haddad en France. Après un an de tergiversations, le Parlement a enfin tranché et décidé de mettre fin au financement européen de l’université islamique turque de Gaziantep.

Reste à savoir si cette prise de conscience sera durable et si l’UE se montrera à l’avenir plus regardante sur le profil de ses partenaires académiques. Car au-delà de ce cas précis, c’est toute la question de l’entrisme de la Turquie d’Erdoğan au sein des institutions européennes qui est posée. Un dossier à suivre de très près.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.