Au cœur du conflit israélo-palestinien, une vidéo bouleversante fait le tour des réseaux sociaux. On y voit une fillette d’une dizaine d’années, marchant pieds nus sur une route, portant à bout de bras sa petite sœur visiblement blessée. Cette séquence, largement partagée et commentée, suscite à la fois l’émotion et la controverse. Tandis que certains s’émeuvent du sort tragique de ces enfants, d’autres dénoncent une potentielle mise en scène. Alors, que sait-on réellement de cette vidéo devenue virale ?
Une Rencontre Fortuite Sur La Route Salah Ad-Din
C’est le 21 octobre dernier qu’Alaa Hamouda, un journaliste palestinien, croise le chemin de la fillette sur la voie Salah ad-Din, l’artère principale de la bande de Gaza. Intrigué par cette enfant portant ce qu’il pense d’abord être un petit garçon, il engage la conversation. La petite fille lui explique alors que sa sœur a été renversée par une voiture et qu’elle tente de la transporter jusqu’au parc Al-Bureij. Épuisée, elle confie porter sa cadette depuis plus d’une heure.
Touché par la détresse de l’enfant, le journaliste lui propose de l’amener à destination. Il immortalise la scène et partage la vidéo sur son compte Instagram, relatant sa rencontre avec cette “jeune fille déplacée” qui aurait “marché pendant plus de deux kilomètres” avec sa sœur blessée sur les épaules.
Un Élan De Solidarité Pour Qamar Et Samia
Rapidement, l’histoire de Qamar et Samia, les deux petites sœurs, suscite un vif émoi. Leur vidéo est partagée des milliers de fois, accompagnée de messages de soutien et de comparaisons poignantes avec les enfants victimes d’Hiroshima. Mais alors que l’élan de solidarité s’amplifie côté palestinien, des voix discordantes s’élèvent côté israélien. Certains internautes accusent la séquence d’être une “mise en scène”, criant au “Pallywood”, terme péjoratif désignant un supposé stratagème de propagande.
Contactés par plusieurs journalistes locaux, des proches des fillettes livrent de nouveaux détails. Qamar et Samia seraient des déplacées originaires du nord de Gaza, vivant au camp de réfugiés de Bureij avec leur mère depuis près de dix mois. Leur père, lui, est porté disparu. Si les circonstances exactes de leur présence sur cette route restent floues, des nouvelles rassurantes de leur état de santé sont partagées, montrant les deux sœurs souriantes, recevant des vêtements et des provisions de la part de bénévoles.
Une Vidéo Symbole, Entre Émotion Et Défiance
Au-delà de son authenticité, difficile à prouver ou à réfuter de façon certaine, cette vidéo est devenue le symbole de deux visions antagonistes. Pour les uns, elle illustre le drame humain que représente le conflit, l’abnégation dont doivent faire preuve les plus jeunes face à l’horreur de la guerre. Pour les autres, elle cristallise la défiance envers des images susceptibles d’être instrumentalisées, sur fond de lutte de propagande.
Le petit cœur de Qamar était plus grand que toute la douleur, et le sacrifice de son enfance était plus grand que toutes les guerres.
– Hani Aburezeq, journaliste palestinien
Une chose est sûre, le sort de Qamar, Samia et de tous les autres enfants pris dans la tourmente du conflit israélo-palestinien ne peut laisser indifférent. Leur histoire, qu’elle soit avérée ou romancée, nous rappelle l’impérieuse nécessité de protéger les plus vulnérables des affres de la guerre. Car au fond, peu importe les postures et les partis pris, c’est bien l’innocence bafouée de l’enfance qui devrait tous nous indigner.
