Les températures plus fraîches et les feuilles qui tombent signalent habituellement la fin de la saison des moustiques. Pourtant, cette année, les Français constatent avec surprise que le moustique tigre n’a pas encore disparu fin octobre. Ce petit insecte invasif, reconnaissable à ses rayures noires et blanches, continue de proliférer dans 78 départements de l’Hexagone, importunant les habitants et soulevant des inquiétudes sanitaires. Pourquoi ce fléau persiste-t-il si tard dans l’année ? Quelles sont les zones les plus touchées ? Et surtout, comment s’en protéger ? Faisons le point sur ce phénomène préoccupant.
Une météo favorable à la prolifération
Si le moustique tigre est encore bien présent, c’est avant tout en raison des conditions météorologiques actuelles. Comme l’explique Florence Fournet, directrice de recherche à l’IRD de Montpellier, ce moustique a besoin de deux éléments pour se développer : de l’eau stagnante et des températures douces. Or, les récentes pluies et les températures clémentes pour la saison offrent un terrain propice à sa reproduction.
Tant qu’il fait chaud, il va continuer à se développer. À partir du moment où on va avoir des températures de 10 degrés, ça va mourir, ça va s’arrêter.
Jean-Michel Bérenger, entomologiste à l’IHU Méditerranée Infection
Des opérations de démoustication en cours
Face à cette situation préoccupante, les autorités sanitaires ont lancé des opérations de démoustication dans plusieurs régions. C’est notamment le cas en Charente-Maritime, où l’Agence Régionale de Santé a fait traiter le quartier d’un habitant de retour des Antilles qui avait contracté la dengue. Les pelouses et les jardins ont été aspergés d’insecticide pour éliminer les moustiques potentiellement porteurs du virus.
Les habitants, bien que surpris par ces interventions tardives, témoignent d’une présence encore importante de moustiques tigres. “On est presque fin octobre… les moustiques, en général, c’est l’été !” s’étonne une riveraine. Beaucoup remarquent que ces insectes piquent surtout en fin de journée, rendant difficile de profiter des espaces extérieurs.
Un risque pour la santé publique
Au-delà de la gêne occasionnée, la persistance du moustique tigre soulève de réels enjeux sanitaires. En effet, cet insecte est capable de transmettre des maladies virales comme la dengue, le chikungunya ou le zika. Même si la majorité des cas recensés en France sont des personnes ayant voyagé en zone contaminée, le risque de transmission locale n’est pas à exclure, d’autant plus avec le réchauffement climatique.
Depuis le 1er mai, ce sont 80 cas autochtones de dengue qui ont été signalés en France métropolitaine. Une situation inédite qui appelle à la vigilance de tous. Les autorités sanitaires recommandent de se protéger des piqûres en installant des moustiquaires, en utilisant des répulsifs et en portant des vêtements couvrants, surtout en fin de journée.
Que faire face à ce fléau ?
Si les opérations de démoustication permettent de traiter ponctuellement les zones infestées, la lutte contre le moustique tigre passe avant tout par la suppression de ses lieux de ponte. Chacun est invité à être vigilant dans son jardin ou sur son balcon, en éliminant toutes les eaux stagnantes qui pourraient favoriser le développement des larves :
- Vider régulièrement les coupelles sous les pots de fleurs
- Couvrir les réservoirs d’eau de pluie avec des toiles moustiquaires
- Entretenir son jardin et élaguer les arbres pour assainir les zones humides
- Supprimer tout objet abandonnés qui pourrait retenir l’eau
Des gestes simples mais essentiels pour limiter la prolifération de cet insecte et se protéger de ses piqûres potentiellement dangereuses. Les scientifiques s’attendent toutefois à ce que le moustique tigre étende encore son territoire dans les années à venir, à la faveur du réchauffement climatique. Il faudra donc apprendre à cohabiter avec ce nouvel habitant indésirable en adoptant les bons réflexes.
Le moustique tigre n’a donc pas fini de nous importuner, même à l’approche de l’hiver. Une présence incongrue et préoccupante, qui nous rappelle que les effets du dérèglement climatique sont déjà bien perceptibles dans notre quotidien. Face à ce petit insecte striée de noir et blanc, c’est une vigilance de tous les instants qui s’impose pour protéger notre santé et notre tranquillité.
