Alors que les prochaines élections européennes approchent à grands pas, un vent de changement souffle sur le Vieux Continent. Les partis populistes, longtemps connus pour leur euroscepticisme virulent, semblent avoir entamé une mue idéologique aussi spectaculaire qu’inattendue. Fini le rejet en bloc de l’Union européenne, place désormais à la défense d’une Europe forte et protectrice. Comment expliquer ce revirement qui bouscule les codes de la politique européenne ?
Un monde de plus en plus hostile pousse à l’unité
Dans un contexte international de plus en plus tendu, marqué par la montée des tensions géopolitiques et le retour en force des rivalités entre grandes puissances, l’argument d’une Europe unie et souveraine semble faire son chemin, y compris au sein des formations populistes. Face aux défis posés par la Chine, la Russie ou encore les États-Unis, beaucoup en viennent à considérer qu’une réponse purement nationale serait illusoire.
Les peuples européens aspirent à une Union qui les protège dans un monde devenu hostile.
– Un député européen issu d’un parti populiste
L’effritement de la confiance envers les gouvernements nationaux
Autre facteur explicatif de cette évolution : la perte de confiance croissante des citoyens envers leurs gouvernements nationaux, jugés souvent impuissants face aux grands défis du moment comme le réchauffement climatique, les pandémies ou les crises migratoires. Dans ce contexte, l’échelon européen apparaît de plus en plus comme le niveau pertinent pour apporter des réponses efficaces et coordonnées.
Du rejet à la volonté de transformation de l’intérieur
Plutôt que de continuer à vilipender une Union européenne perçue comme technocratique et déconnectée des réalités, nombre de partis populistes font désormais le pari d’une transformation de l’intérieur. L’objectif affiché : bâtir une Europe plus proche des peuples, centrée sur quelques priorités clés comme la protection des frontières ou la défense des intérêts économiques du continent face à la concurrence internationale.
- Les partis populistes ne veulent plus quitter l’UE mais la changer de l’intérieur
- La défense d’une Europe forte et protectrice gagne du terrain
- L’avènement d’une armée européenne n’est plus un tabou
Vers un nouveau clivage en Europe ?
Si elle se confirme, cette métamorphose des partis populistes pourrait bien rebattre les cartes du jeu politique européen. Aux partisans d’une Europe fédérale et toujours plus intégrée s’opposeraient les tenants d’une Europe des nations, certes unie et solidaire face aux menaces extérieures, mais respectueuse des souverainetés et des identités nationales. Un clivage inédit qui pourrait durablement structurer les débats à venir.
Une chose est sûre : sous l’effet des chocs géopolitiques et de l’aspiration croissante des peuples à une Europe protectrice, la donne politique est en train de changer sur le Vieux Continent. Et les partis populistes, surfant sur cette vague, pourraient bien en être les premiers bénéficiaires. Reste à savoir si cette mue idéologique se traduira dans les urnes. Réponse dans quelques mois, à l’occasion d’un scrutin européen qui s’annonce d’ores et déjà historique.