ActualitésPolitique

Eurodéputée Italienne Risque Procès En Hongrie

Ilaria Salis, eurodéputée italienne, risque un procès en Hongrie suite à des accusations de violences en marge d'un rassemblement néo-nazi. Estimant ne pas pouvoir y être jugée équitablement, elle s'oppose à la levée de son immunité parlementaire et clame son innocence...

Ilaria Salis, eurodéputée italienne de gauche, fait face à une situation délicate en Hongrie. Les autorités du pays ont en effet demandé la levée de son immunité parlementaire afin qu’elle puisse être jugée pour des accusations de violences en marge d’un rassemblement néo-nazi. Lors d’une conférence de presse tenue mercredi au Parlement européen, Mme Salis a exprimé ses vives inquiétudes quant à la possibilité d’un procès équitable dans le pays magyar.

Je veux me défendre dans le cadre d’un procès juste et équitable et le problème est qu’un procès de ce type ne peut évidemment pas avoir lieu en Hongrie.

Ilaria Salis, eurodéputée italienne

L’élue transalpine de 40 ans a souligné le caractère “disproportionné” de la peine de prison qu’elle encourt, estimant que les “conditions minimum pour un procès équitable” ne sont pas réunies en Hongrie. Elle a par ailleurs réaffirmé avec force son innocence, assurant qu’aucun élément tangible ne permet de l’identifier comme l’un des agresseurs.

Une libération provisoire sous conditions

Arrêtée en février 2023, Ilaria Salis était apparue début 2024 devant la justice hongroise dans des conditions particulièrement choquantes, enchaînée et pieds liés. Une situation qui avait suscité l’indignation et les protestations de Rome. Après plus d’un an de détention provisoire, qu’elle a qualifiée d'”inhumaine et dégradante“, l’Italienne avait finalement obtenu une assignation à résidence en mai.

Sa libération n’est intervenue qu’en juin, suite à son élection au Parlement européen comme candidate du petit parti italien “Alliance Verts et gauche“. Un rebondissement qui n’a cependant pas mis un terme à cette affaire complexe.

La procédure de levée d’immunité enclenchée

Mardi, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a en effet annoncé avoir reçu une demande officielle des autorités hongroises visant à lever l’immunité parlementaire dont bénéficie désormais Mme Salis. La commission des affaires juridiques a été saisie du dossier et devra, après examen, adopter à huis clos une recommandation. Celle-ci sera ensuite soumise au vote de l’ensemble du Parlement, une procédure qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois.

Face à cette situation, le gouvernement hongrois n’a pas mâché ses mots. Son porte-parole Zoltan Kovacs a ainsi jugé “profondément écoeurant” le fait que Mme Salis “se pose en victime“. Dans un message cinglant publié sur X (ex-Twitter), il a tenu à souligner :

Soyons clairs : vous n’avez pas été arrêtée pour vos +opinions politiques+, vous avez été arrêtée et jugée pour avoir agressé d’innocents citoyens hongrois!

Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement hongrois

Des accusations graves, auxquelles l’eurodéputée italienne devra répondre si sa levée d’immunité est effectivement approuvée par le Parlement européen dans les mois à venir. Un dossier sensible qui risque de tendre un peu plus les relations déjà compliquées entre l’Union européenne et la Hongrie de Viktor Orban, régulièrement pointée du doigt pour ses atteintes à l’État de droit.

Cette affaire illustre une nouvelle fois la complexité des enjeux juridiques et diplomatiques auxquels peuvent être confrontés les élus européens dans l’exercice de leur mandat. Entre immunité parlementaire, respect des droits de la défense et relations internationales, l’équation est souvent délicate à résoudre. Le cas d’Ilaria Salis promet en tout cas de nouveaux développements dans les semaines et mois à venir, sur fond de bras de fer entre Bruxelles et Budapest.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.