Dans un contexte de violence croissante à Gaza, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le report de sa campagne de vaccination contre la polio dans le nord du territoire. Citant des “bombardements intensifs” menés par l’armée israélienne, l’agence onusienne a souligné l’impossibilité pour les familles d’emmener leurs enfants se faire vacciner en toute sécurité et pour les agents de santé d’exercer leur travail.
Selon une source proche du dossier, l’escalade des hostilités, l’absence de pauses humanitaires assurées et les ordres de déplacement massif dans la majeure partie du nord de Gaza ont rendu la situation intenable pour mener à bien cette campagne cruciale. L’OMS avait pourtant demandé à Israël de lui permettre d’achever en toute sécurité cette deuxième vague de vaccination, qui visait environ 590 000 enfants de moins de 10 ans dans l’ensemble de ce territoire.
Une couverture vaccinale compromise
Débuté lundi dans le centre de Gaza, ce second cycle avait déjà permis de vacciner quelque 442 855 enfants de moins de 10 ans dans le centre et le sud, atteignant un taux de couverture de 94%. De plus, 357 802 enfants âgés de deux à dix ans ont reçu des suppléments de vitamine A. Mais l’OMS prévient qu’un délai de plus de six semaines entre les deux doses risque de compromettre le niveau d’immunité.
Cette campagne d’envergure avait été lancée le 1er septembre, après la découverte du premier cas de polio à Gaza en 25 ans. Hautement infectieux, le poliovirus se transmet généralement par les eaux usées et l’eau contaminée. Il peut provoquer des déformations, des paralysies potentiellement mortelles et affecte principalement les enfants de moins de cinq ans.
Une urgence sanitaire sur fond de conflit
Face à cette menace, l’OMS insiste sur l’impératif d’endiguer l’épidémie au plus vite, avant que d’autres enfants ne soient paralysés et que le virus ne se propage davantage. Pour cela, la mise en œuvre de pauses humanitaires permettant de mener à bien la vaccination dans le nord de Gaza est jugée cruciale.
Mais le conflit qui ravage Gaza depuis plus d’un an rend la tâche extrêmement ardue. Déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, cette guerre a plongé l’enclave palestinienne dans une situation désastreuse sur les plans sécuritaire et sanitaire.
Il est crucial que la campagne de vaccination dans le nord de Gaza soit facilitée par la mise en œuvre des pauses humanitaires.
Organisation mondiale de la santé (OMS)
L’avenir incertain des enfants de Gaza
Dans ce contexte, l’avenir des enfants de Gaza, premières victimes de ce conflit, apparaît plus que jamais incertain. Alors que la polio les guette, leur accès aux soins les plus élémentaires est entravé par la violence incessante. Une situation intolérable pour l’OMS, qui appelle à la responsabilité de toutes les parties pour permettre la protection de ces innocents.
Reste à savoir si cet appel sera entendu et si des mesures concrètes seront prises pour permettre la reprise rapide de la vaccination. Car chaque jour perdu dans cette lutte contre la montre expose un peu plus les enfants de Gaza au spectre de la maladie et de la souffrance. Une tragédie sanitaire qui vient s’ajouter à l’horreur quotidienne de la guerre.