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Une athlète paralympique se bat pour récupérer sa médaille

Une para-athlète espagnole disqualifiée des JO de Paris pour un geste d'entraide envers son guide entame une action en justice pour récupérer sa médaille de bronze. Une histoire qui remet en question certaines règles strictes face à de belles valeurs humaines et sportives. L'affaire fait débat.

Une histoire à la fois inspirante et révoltante secoue actuellement le monde du handisport. Elena Congost, athlète paralympique espagnole spécialiste du marathon, a annoncé son intention d’entamer une action en justice pour récupérer la médaille de bronze qui lui a été retirée lors des derniers Jeux Paralympiques de Paris. Son “crime” ? Avoir voulu aider dans un geste d’entraide son guide épuisée dans les derniers mètres de course.

Flashback sur une disqualification qui fait polémique

Retour sur les faits. Le 11 septembre dernier, Elena Congost, déficiente visuelle, prend le départ du marathon dans la catégorie T12 aux côtés de son guide et amie Mia Bruguera, âgée de 57 ans. Après 42,195 km d’effort, le duo espagnol franchit la ligne d’arrivée en 3e position, décrochant ainsi la médaille de bronze tant espérée.

Mais dans les derniers mètres, une scène inhabituelle se produit. Mia Bruguera, perclue de crampes, peine à avancer. Dans un réflexe d’entraide, Elena Congost décide alors de lâcher la corde qui la relie à son guide afin de l’encourager et la soutenir dans cet ultime effort. Un geste fair-play salué par les spectateurs mais qui va coûter cher à l’athlète…

Quelques minutes après l’arrivée, le couperet tombe. Elena Congost est disqualifiée pour avoir enfreint le règlement qui stipule que la corde liant l’athlète à son guide ne doit jamais être lâchée pendant la course. La médaille de bronze lui est retirée, privant ainsi l’Espagnole d’un podium paralympique amplement mérité.

Une pétition lancée par un collectif d’avocats

Dès l’annonce de la sanction, une vague d’indignation déferle dans le monde du handisport et au-delà. Beaucoup dénoncent une décision injuste ne tenant pas compte du contexte et de l’esprit olympique. Un collectif d’avocats prend alors fait et cause pour la marathonienne espagnole.

Mi-octobre, ils publient une tribune appelant les instances paralympiques à revenir sur leur décision “qui bafoue l’esprit de l’olympisme tel que pensé par Pierre de Coubertin”. Ils soulignent que celui-ci “repose sur des valeurs qui vont bien au-delà des performances sportives et du strict respect de règles parfois trop rigides : en son coeur, on retrouve notamment les principes d’équité, de fraternité, d’entraide et d’esprit d’équipe.”

Cette disqualification est une honte. Elena a eu un geste d’une grande humanité qui l’honore. Les règles ne devraient pas être appliquées de façon aussi aveugle.

Juan, un supporter indigné

Le cabinet Dupont-Hissel prend le relais

Face au silence des comités olympique et paralympique suite à cette tribune, c’est finalement le cabinet de conseil Dupont-Hissel, spécialisé dans le droit européen et l’arbitrage international, qui a décidé de prendre le dossier en main. Dans un communiqué diffusé mercredi, il annonce son intention de faire valoir les droits d’Elena Congost devant la justice.

Le cabinet regrette qu’une demande de restitution de la médaille, adressée le 25 septembre aux différentes instances concernées, soit restée lettre morte. Seul le CIO a daigné répondre “par une réponse de pure forme, s’estimant incompétent pour ce dossier.” Les avocats déplorent devoir en arriver là mais se disent déterminés à obtenir gain de cause pour leur cliente.

L’espoir d’une issue favorable

Contactée, Elena Congost confie sa tristesse de devoir passer par la case justice mais ne regrette en rien son geste. “Je suis une compétitrice et j’aurais aimé monter sur ce podium, bien sûr. Mais je suis avant tout un être humain. Quand j’ai vu Mia en grande difficulté, je n’ai pas hésité. On forme une équipe, et une équipe c’est être solidaire dans les bons comme les mauvais moments.”

L’Espagnole espère que cette affaire fera bouger les lignes et incitera à revoir certaines règles “trop rigides qui peuvent parfois aller à l’encontre de l’esprit sportif.” En attendant, c’est devant les tribunaux que se jouera le dernier acte de ce marathon judiciaire. Avec à la clé, l’espoir de décrocher une médaille en bronze qui aura décidément été difficile à aller chercher…

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