Un affrontement sanglant a éclaté lundi soir près de Culiacán, la capitale de l’État mexicain de Sinaloa, entre l’armée et des membres présumés du redoutable cartel de Sinaloa. Selon le ministère mexicain de la Défense, 19 “assaillants” ont été abattus lors de l’opération militaire, déclenchant une nouvelle vague de violence dans la région.
D’après le communiqué officiel, les forces armées ont riposté après avoir été attaquées par plus de 30 individus dans les environs de Culiacán. Le ministère a assuré que l’armée avait agi “en stricte conformité avec l’État de droit et dans le plein respect des droits humains” lors de l’intervention.
Une guerre fratricide au sein du cartel
Cette flambée de violence intervient dans un contexte de luttes internes au sein du cartel de Sinaloa, cofondé par le célèbre narcotrafiquant Joaquín “El Chapo” Guzmán. Depuis l’arrestation le 25 juillet aux États-Unis d’Ismael “El Mayo” Zambada, l’autre figure historique du cartel, une guerre fratricide a éclaté entre ses proches et les fils d'”El Chapo”.
Selon les autorités, le commando impliqué dans l’affrontement de lundi serait lié à la faction d'”El Mayo”. Son chef présumé, connu sous le pseudonyme d'”El Max”, aurait été “activement impliqué dans les récentes violences de Culiacán” avant d’être arrêté et remis au bureau du procureur général de l’État de Sinaloa.
Le lourd tribut du narcotrafic
Cet épisode tragique illustre une fois de plus l’emprise du narcotrafic et la spirale de violence qui ensanglantent le Mexique. Malgré l’incarcération d'”El Chapo” aux États-Unis, où il purge une peine de prison à vie, et l’arrestation récente d'”El Mayo”, âgé de 76 ans, les cartels continuent de semer la terreur.
La lutte acharnée entre les factions rivales du cartel de Sinaloa a déjà fait près de 200 morts dans l’État éponyme depuis début septembre, plongeant la population dans la peur et l’incertitude. Les habitants de la région de Culiacán ont témoigné de la brutalité des affrontements, racontant avoir dû se réfugier dans des buissons avant de trouver un abri précaire dans des maisons, escortés par des soldats.
Accusations croisées entre le Mexique et les États-Unis
L’ex-président mexicain Andrés Manuel López Obrador a pointé du doigt la responsabilité des États-Unis dans cette recrudescence de violence, leur reprochant d’avoir agi unilatéralement pour arrêter “El Mayo” Zambada. Des accusations réfutées par l’ambassadeur américain, sur fond de tensions diplomatiques entre les deux pays voisins.
Alors que le bilan humain ne cesse de s’alourdir et que la peur gagne du terrain, la question de la lutte contre les cartels de la drogue se pose avec une acuité renouvelée. Entre corruptions endémique, impunité et moyens colossaux dont disposent ces organisations criminelles, le combat s’annonce long et périlleux pour les autorités mexicaines. La coopération internationale, malgré ses limites et ses ambiguïtés, reste plus que jamais indispensable pour tenter d’endiguer ce fléau qui ronge la société mexicaine et étend ses ramifications bien au-delà des frontières.
