Au cœur de l’Ukraine en guerre, dans la ville de Pokrovsk située à proximité immédiate du front, les rues sont devenues fantômes. Pourtant, à l’intérieur d’un café, la vie suit son cours. Anna, 35 ans, sert les clients avec un sourire chaleureux malgré les explosions qui résonnent au loin. Un îlot de normalité dans un océan de chaos.
Une lutte pour maintenir les commerces ouverts
Comme beaucoup de petits commerces de Pokrovsk, le patron du café où travaille Anna a songé à fermer boutique face à l’avancée des troupes russes. Mais ses employés ont insisté pour continuer à travailler. “Nos défenseurs ont besoin de nous”, affirme Anna avec détermination.
Malgré les risques, le café reste un havre pour les habitants restants et les militaires ukrainiens. “Les gars viennent et nous disent : +Oh, vous êtes ouverts, Dieu merci !+”, raconte Anna. Un café chaud, un en-cas réconfortant, un brin de conversation… Des plaisirs simples mais précieux en ces temps troublés.
Une ville qui se vide peu à peu
Avant l’invasion de février 2022, Pokrovsk comptait environ 60 000 habitants. Ils ne sont plus que 12 000 à la mi-octobre. Beaucoup ont fui l’intensification des attaques russes depuis l’été. Les commerces ferment les uns après les autres, comme en témoignent les larmes d’Anna. “C’était tellement plein de vie“, se souvient-elle avec nostalgie.
Des conditions de plus en plus précaires
A Pokrovsk, le quotidien devient un défi. L’eau courante et l’électricité se font rares. Svitlana, 39 ans, fait tourner l’un des derniers restaurants de la ville grâce à un puits privé et des bouteilles d’eau. Exit les pizzas, faute de courant pour les fours. Mais l’établissement propose toujours des plats chauds aux habitants du quartier, souvent privés d’électricité.
On ne les laissera pas partir.
Valéry Vinyk, client fidèle, à propos des serveuses
Pour les clients comme Valéry, 71 ans, continuer à fréquenter le restaurant est une façon de se sentir “comme une personne normale“. Lui qui a toujours vécu à Pokrovsk n’arrive pas à se résoudre à quitter sa ville. “Je ne veux aller nulle part, je ne veux pas tout quitter“, confie-t-il, tiraillé. “Mais il n’y a pas d’issue, les gars.”
Une lutte inégale face à l’avancée russe
Dans la région de Donetsk, l’armée ukrainienne peine à contenir l’ennemi malgré sa bravoure. Les militaires sont en infériorité numérique face aux forces russes. Une réalité cruelle que les habitants de Pokrovsk ne connaissent que trop bien.
Pour Anna comme pour Svitlana, la question n’est plus de savoir si elles vont partir, mais quand. Anna estime qu’il lui reste deux semaines avant que la situation ne devienne intenable. D’ici là, elle continuera à servir ses cafés avec le sourire, offrant courage et réconfort à ceux qui en ont tant besoin. Un geste de résilience face à l’adversité.
