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La tokenisation bancaire sous haute surveillance du BPI et du FSB

Le BPI et le FSB sonnent l'alerte sur les risques de la tokenisation bancaire, avertissant d'implications potentiellement déstabilisantes pour le système financier mondial. Découvrez les vulnérabilités pointées du doigt et les appels à un cadre réglementaire renforcé...

Alors que la tokenisation s’impose comme la nouvelle frontière de l’innovation financière, deux acteurs majeurs de la réglementation bancaire internationale tirent la sonnette d’alarme. Dans des rapports distincts adressés au G20, le Conseil de Stabilité Financière (FSB) et le Comité des Paiements et des Infrastructures de Marché (CPIM) du BPI ont souligné les vulnérabilités inhérentes à la tokenisation des actifs financiers, appelant à un renforcement du cadre réglementaire.

Le spectre d’une instabilité financière amplifiée

Si la tokenisation offre des perspectives alléchantes en termes de réduction des frictions et d’efficacité accrue des marchés, elle pourrait également agir comme un facteur déstabilisant pour le système financier mondial. C’est en substance le message délivré par Klaas Knot, président du FSB, dans une lettre adressée aux décideurs du G20 :

La tokenisation pourrait avoir des implications pour la stabilité financière si elle s’étend de manière significative, si elle est utilisée pour créer des produits complexes et opaques négociés de manière automatisée, et si les vulnérabilités identifiées ne sont pas correctement traitées.

Les régulateurs pointent notamment du doigt trois sources de risque majeures : l’actif sous-jacent tokenisé lui-même, les participants aux projets de tokenisation basés sur la technologie des registres distribués (DLT), et les interactions potentiellement hasardeuses entre ces nouvelles technologies et les systèmes hérités.

Des risques de crédit et de liquidité amplifiés

Si les risques de crédit, de liquidité et les vulnérabilités cyber ne sont pas une nouveauté pour les marchés financiers, ils pourraient se matérialiser de façon inédite et plus intense dans un écosystème tokenisé à grande échelle, alerte le CPIM. La reconfiguration des rôles des intermédiaires induite par la tokénisation pourrait notamment donner naissance à de nouveaux conflits d’intérêts.

Une feuille de route réglementaire à compléter d’urgence

Face à ces défis, le FSB met en avant les progrès réalisés par la plupart des pays dans la mise en œuvre de ses recommandations en matière de réglementation des cryptoactifs, tout en soulignant la persistance d’incohérences. L’organisme appelle à combler rapidement les vides juridiques pour prévenir un risque systémique.

Une vision partagée par le CPIM, qui insiste sur l’importance d’une gouvernance robuste et d’un cadre de gestion des risques spécifiquement adapté aux enjeux de la tokenisation. Selon une source proche des discussions, un groupe de travail conjoint FSB-CPIM serait sur le point d’être mis en place pour harmoniser les approches réglementaires au niveau mondial.

Entre bénéfices et risques, un équilibre à trouver

Si les régulateurs se montrent prudents, ils ne rejettent pas pour autant le potentiel de la tokenisation. Plus de 40 entreprises explorent ainsi actuellement, sous l’égide du BPI, les opportunités offertes par cette technologie pour fluidifier les paiements transfrontaliers.

Le défi pour les décideurs consistera à trouver le juste équilibre entre l’encouragement de l’innovation et la maîtrise des risques. Un exercice d’équilibriste qui sera scruté de près, alors que la course à la tokenisation de l’économie n’en est qu’à ses prémices.

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