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L’influence britannique dans l’élection américaine : légale ou controversée ?

La mobilisation de membres du Parti travailliste britannique en faveur de Kamala Harris fait polémique. Ingérence illégale ou soutien bénévole autorisé ? Plongée dans une controverse électorale transatlantique qui soulève des questions sur l'influence étrangère dans la politique américaine...

En pleine campagne pour l’élection présidentielle américaine, une polémique enfle autour de l’engagement de membres du Parti travailliste britannique en faveur de la candidate démocrate Kamala Harris. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour dénoncer une ingérence étrangère illégale, tandis que d’autres défendent un soutien bénévole tout à fait légal. Alors, où se situe la vérité dans cette controverse transatlantique ?

Une mobilisation controversée sur LinkedIn

Tout commence le 16 octobre dernier, lorsque Sofia Patel, responsable des opérations du Parti travailliste britannique au pouvoir, publie un message sur LinkedIn. Elle y appelle les membres du Labour à se rendre aux États-Unis pour soutenir la campagne de Kamala Harris, proposant même d’organiser leur hébergement dans des États clés comme la Caroline du Nord, le Nevada, la Pennsylvanie et la Virginie.

Si le compte de Sofia Patel est depuis devenu inaccessible, son message n’est pas passé inaperçu, suscitant de vives réactions chez les partisans de Donald Trump et l’opposition britannique. Pour eux, ce soutien constituerait une ingérence étrangère illégale dans l’élection américaine.

Elon Musk crie à l’illégalité

Fervent défenseur du camp républicain, le milliardaire Elon Musk n’a pas manqué de réagir. “C’est illégal”, a-t-il affirmé dans un tweet vu près de 50 millions de fois en quelques jours. Sebastian Gorka, ancien conseiller de Donald Trump, est même allé jusqu’à parler de “crime”.

L’extrême droite britannique dénonce une ingérence

Outre-Manche aussi, l’affaire fait des remous. Nigel Farage, leader du parti d’extrême droite Reform UK, a estimé que l’aide du Labour équivalait à une “ingérence électorale directe”. Cette polémique trouve un écho particulier dans les médias britanniques conservateurs, comme The Telegraph ou The Spectator, mais reste au second plan dans la presse américaine.

Que dit la loi américaine ?

Mais qu’en est-il réellement de la légalité d’un tel soutien étranger en période électorale ? Selon Anne Deysine, professeure et experte du système judiciaire américain, la loi fédérale interdit depuis le scandale du Watergate “toute contribution financière liée à une campagne, qu’elle soit fédérale ou locale, par un étranger”. Cela inclut les dons aux partis politiques et les dépenses publicitaires, mais pas les activités bénévoles.

“Un individu qui est un ressortissant étranger peut participer à des activités de campagne en tant que bénévole non rémunéré, mais doit veiller à ne pas participer au processus décisionnel.”

– Loi fédérale sur les campagnes électorales (FECA)

Des déplacements à titre personnel

Or, dans le cas des membres du Parti travailliste, il s’agit justement de déplacements “à titre personnel, financés par eux-mêmes et pendant leur temps libre”, selon une source proche du parti. Ces voyages ne seraient “ni organisés ni financés par le parti”, tandis que l’hébergement serait assuré par des bénévoles démocrates américains.

Alison McGovern, ministre d’État à l’Emploi du gouvernement britannique, confirme cette version auprès de SkyNews : “Il s’agit d’une démarche volontaire et de bénévoles qui vont partager leur temps. C’est un phénomène normal qui se produit lors d’élections”.

Un engagement rare mais légal

Si l’implication d’un parti étranger dans une élection présidentielle américaine est rare, elle n’en reste pas moins légale tant qu’elle se limite à du bénévolat. Comme le souligne le politologue Olivier Richomme, cette aide permet à la campagne Harris de bénéficier gratuitement de personnel déjà formé, à une période où “les bénévoles sont plus difficiles à trouver” en raison du contexte économique.

La loi fixe néanmoins des limites à ces activités bénévoles : un plafond de 1000 dollars par candidat et par élection pour les frais de déplacement, et de 2000 dollars par an pour l’ensemble des comités politiques d’un parti. Des restrictions qui ne semblent pas poser problème aux volontaires britanniques, s’engageant de leur propre initiative.

Polémique ou tempête dans un verre d’eau ?

Au final, cette polémique apparaît davantage comme une tentative de déstabilisation de la campagne démocrate que comme une réelle affaire d’ingérence illégale. Le soutien bénévole de membres d’un parti étranger, aussi inhabituel soit-il, reste dans les clous de la législation américaine.

Mais cette controverse met en lumière les tensions et les enjeux d’une élection présidentielle américaine à haut risque, où chaque détail peut faire l’objet d’instrumentalisation. À moins de deux semaines du scrutin, elle illustre surtout la mobilisation internationale que suscite ce duel entre Kamala Harris et Donald Trump, bien au-delà des frontières des États-Unis.

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