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Les mémoires posthumes de Navalny divisent ses anciens voisins

L'opposant russe Alexeï Navalny, mort en détention en février, suscite des réactions partagées chez ses anciens voisins moscovites avec la sortie de ses mémoires posthumes. Entre accusations et compassion, découvrez comment "Patriote" ravive les passions...

La publication posthume des mémoires d’Alexeï Navalny, opposant russe décédé en détention en février dernier, suscite des réactions contrastées parmi ses anciens voisins dans le quartier moscovite de Mariino. Intitulé “Patriote”, l’ouvrage retrace le parcours de Navalny depuis sa jeunesse en URSS jusqu’à son combat politique, en passant par sa vie familiale. Sans surprise, le livre ne sera pas disponible dans les librairies russes, mais il fait déjà parler dans l’ancien voisinage de l’opposant.

Des ex-voisins entre rejet catégorique et compassion humaine

Les réactions des riverains de l’immeuble où vivaient Alexeï Navalny, son épouse Ioulia et leurs deux enfants dans les années 2000, oscillent entre un rejet virulent et une certaine empathie. Natalia, une retraitée de 66 ans, s’emporte en affirmant tout savoir de l’opposant, qu’elle qualifie de “taupe de l’Occident” en s’appuyant sur des reportages vus à la télévision d’État. Sa voisine Valentina, infirmière de 60 ans, se montre tout aussi catégorique, estimant que Navalny n’a “pensé qu’à lui et pas à son pays”.

D’autres, comme Viktor, un quinquagénaire, ou Alexeï, juriste trentenaire, expriment peu de considération pour le défunt et son épouse, le percevant comme un agent déstabilisateur à la solde de l’Occident. Mais derrière cette façade de rejet, certains laissent transparaître une once de compassion. C’est le cas de Tamara, vendeuse de 58 ans, qui se remémore avec un sourire nostalgique l’époque où elle croisait régulièrement le couple Navalny et leurs chiens. Si elle évitait de s’intéresser de trop près aux activités politiques de l’opposant, sa disparition l’attriste “humainement”.

Elena, une voisine émue aux larmes

Le témoignage le plus poignant est sans doute celui d’Elena, 41 ans. Se remémorant les Navalny comme des gens “positifs, polis et sympathiques”, toujours prompts à la plaisanterie, elle peine à retenir ses larmes en confiant les plaindre profondément. Pour elle, la lecture des mémoires de son ancien voisin représente l’opportunité de découvrir sa vision de la vie dans ce quartier.

Une tombe toujours fleurie, symbole d’une popularité intacte

Inhumé le 1er mars au cimetière Borissovo sous haute surveillance policière et en présence de milliers de personnes, Alexeï Navalny repose désormais non loin de son ancien lieu de vie. Huit mois après sa disparition, sa sépulture ne désemplit pas, des admirateurs venant quotidiennement y déposer des fleurs fraîches. Un jeune couple de Saint-Pétersbourg, Natalia et Mikhaïl, s’est dit surpris d’y croiser une dizaine de personnes en seulement quelques minutes, témoignant de l’attachement intact d’une partie de la population pour l’opposant.

Les mémoires de Navalny, au cœur de l’intérêt et des spéculations

Si la dimension politique de l’ouvrage est souvent éludée, nombreux sont ceux qui se montrent intéressés par un éclairage sur la vie privée de l’opposant. Employés municipaux ou bancaires, des couples de Saint-Pétersbourg confient ainsi attendre sa parution “avec impatience”. Et pour certains, comme Konstantin, les “prophéties” de Navalny ont tendance à se réaliser, conférant à ses mémoires une dimension presque prémonitoire.

Dix mois après sa mort en détention, Alexeï Navalny continue ainsi de fasciner et de diviser. Entre rejet catégorique des uns et compassion sincère des autres, la publication de ses mémoires ne manquera pas de raviver les passions et les interrogations autour de cette figure incontournable de l’opposition russe.

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