C’est un pas de plus vers la reconstruction de l’Ukraine. Mardi, le Parlement européen a donné son feu vert à l’octroi d’un prêt pouvant atteindre 35 milliards d’euros en faveur de Kiev. Une initiative qui sera financée par les profits dégagés par les avoirs russes gelés en Europe suite à l’invasion du pays en février 2022. Le texte a été adopté à une large majorité de 518 voix pour, 56 contre et 61 abstentions.
Un soutien crucial pour l’Ukraine
Pour les partisans de ce prêt, il s’agit d’un investissement nécessaire dans la sécurité de l’Europe. “En soutenant l’Ukraine, nous investissons dans notre sécurité”, a ainsi déclaré l’eurodéputé roumain Siegfried Muresan, membre du Parti populaire européen (PPE, chrétiens-démocrates). Un avis partagé par la rapporteure du texte, la Suédoise Karin Karlsbro, qui estime que “la Russie doit payer pour la destruction de l’Ukraine”.
Nous devons soutenir l’Ukraine dans sa reconstruction et sa transition vers une économie verte et numérique. C’est notre devoir moral et c’est dans notre intérêt stratégique.
– Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Quelque 280 milliards d’euros d’avoirs russes ont été gelés dans l’UE après le début de la guerre, dont environ 90% se trouvent en Belgique, siège de l’organisme international de dépôts de fonds Euroclear. Ces avoirs sont censés dégager entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an, qui peuvent donc être mobilisés pour aider l’Ukraine à se reconstruire.
Des défis à surmonter
Cependant, la mise en place de ce prêt se heurte encore à quelques obstacles. Les pays du G7 s’étaient mis d’accord pour un prêt global allant jusqu’à 50 milliards de dollars (environ 45 milliards d’euros), mais les Européens font pour l’instant cavalier seul en raison des garanties demandées par les États-Unis. Washington souhaite en effet s’assurer que le gel des avoirs russes se fasse dans la durée pour éviter toute rupture de financement.
Le gel des avoirs dépend d’un régime de sanctions que les 27 pays de l’UE doivent renouveler tous les six mois. Pour y remédier, la Commission européenne a proposé que le renouvellement des sanctions portant spécifiquement sur le gel des avoirs de la banque centrale russe se fasse désormais tous les trois ans. Mais cette décision, qui nécessite l’unanimité des États membres, est actuellement bloquée par la Hongrie.
La participation des autres pays du G7 encore incertaine
Les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon doivent encore décider à quelle hauteur ils comptent participer à ce prêt de 45 milliards d’euros, décidé dans le cadre du G7. Leur participation est importante car l’UE a prévu d’abaisser sa contribution de 35 milliards d’euros si le montant total du prêt devait dépasser les 45 milliards, en prenant en compte les engagements futurs des autres pays.
Malgré ces défis, l’approbation de ce prêt par le Parlement européen envoie un signal fort de soutien à l’Ukraine. Il s’agit d’une étape cruciale pour aider le pays à se relever des ravages de la guerre et à reconstruire son économie et ses infrastructures. La communauté internationale aura certainement un rôle clé à jouer dans les mois et années à venir pour accompagner l’Ukraine sur le chemin de la paix et de la prospérité.
Les premiers versements de ce prêt pourraient intervenir dès le début de l’année 2025, une fois que le Conseil de l’UE, l’instance représentant les États membres, aura donné son accord final. Un espoir pour le peuple ukrainien qui aspire à tourner la page de ce conflit dévastateur et à se tourner vers un avenir meilleur.