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RSF Appelle à Protéger les Journalistes des Droits des Femmes

7 ans après #MeToo, RSF tire la sonnette d'alarme : les journalistes spécialisés sur les droits des femmes sont plus que jamais en danger. L'ONG appelle les États à agir de toute urgence pour assurer leur protection face aux menaces croissantes...

Sept ans après l’émergence du mouvement #MeToo qui a libéré la parole des femmes à travers le monde, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié ce mardi intitulé “Le journalisme à l’ère #MeToo”, RSF met en lumière les dangers auxquels sont confrontés les journalistes spécialisés sur les questions des droits des femmes et du genre.

Malgré les avancées sociétales induites par #MeToo, “la répression des journalistes spécialisés et des femmes journalistes reste un enjeu de taille qui nécessite un investissement de tous les acteurs” souligne l’ONG. Une situation préoccupante qui pousse RSF à interpeller directement les États, les enjoignant à “garantir” la protection de ces professionnels de l’information particulièrement exposés.

16 recommandations pour endiguer le fléau

Face à l’ampleur du problème, RSF a élaboré une série de 16 recommandations concrètes destinées à tous les acteurs concernés. Outre la protection étatique, l’organisation plaide pour l’introduction dans le droit pénal de circonstances aggravantes en cas de cyberharcèlement envers des journalistes femmes et des minorités de genre, un fléau en pleine expansion.

Les plateformes numériques sont aussi appelées à prendre leurs responsabilités, en accordant un “traitement d’urgence au signalement des journalistes victimes de cyberharcèlement” et en répondant “sans délai aux injonctions des autorités judiciaires”. Des mesures indispensables pour endiguer la déferlante de haine en ligne qui s’abat sur ces journalistes engagés.

Un “printemps féministe” des médias sous haute tension

L’étude menée par RSF auprès de 113 de ses correspondants dans 112 pays dresse un bilan en demi-teinte de l’impact de #MeToo dans les médias. Si plus de 80% des répondants ont constaté une augmentation significative des sujets relatifs aux droits des femmes et au genre depuis 2017, plus d’un quart estiment que travailler sur ces thématiques est dangereux, exposant aux insultes, menaces physiques voire agressions.

Ce printemps féministe des médias n’est pas sans danger.

Thibaut Bruttin, directeur général de RSF

Un constat alarmant illustré par le cas de la journaliste chinoise Sophia Huang Xueqin, figure de proue du mouvement #MeToo en Chine, condamnée en juin dernier à 5 ans de prison. Un symbole tragique des risques encourus par celles et ceux qui osent briser le silence.

Former et responsabiliser les rédactions

Pour tenter d’enrayer cette spirale répressive, RSF appelle les rédactions à mieux former leurs journalistes susceptibles d’être victimes de cyberharcèlement. L’ONG les encourage aussi à instaurer des “responsables éditoriaux en charge des questions de genre” pour mieux encadrer le traitement de ces sujets sensibles.

Des pistes concrètes pour tenter de sécuriser et pérenniser ce “printemps féministe” des médias, né dans le sillage de l’affaire Weinstein il y a 7 ans. Car si #MeToo a indéniablement permis de libérer la parole des femmes, le combat pour leur droit à une information libre et indépendante est plus que jamais d’actualité. Un combat vital que RSF appelle aujourd’hui la communauté internationale à mener sans relâche.

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