Dans un rapport alarmant publié mardi, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) met en lumière les conséquences désastreuses de plus d’un an de guerre à Gaza sur les conditions de vie des Palestiniens. Selon les estimations de l’ONU, le taux de pauvreté dans l’ensemble des territoires palestiniens devrait bondir à un niveau sans précédent de 74,3% en 2024, contre 38,8% à la fin de l’année dernière.
Une crise humanitaire et économique d’une ampleur inédite
Les chiffres avancés par le PNUD sont saisissants : si les prévisions se confirment, pas moins de 4,1 millions de Palestiniens se retrouveront en situation de pauvreté d’ici l’an prochain, dont 2,61 millions de nouveaux pauvres suite au conflit. Achim Steiner, chef du PNUD, s’est alarmé de la situation lors d’une déclaration à l’AFP :
Les conséquences immédiates de la guerre, non seulement en termes de destruction d’infrastructures, mais aussi en termes de pauvreté et de perte de moyens de subsistance, sont énormes.
Il ressort clairement de cette évaluation socio-économique que le niveau de destruction a fait reculer l’État de Palestine de plusieurs années, voire de plusieurs décennies, sur la voie du développement.
Un chômage qui explose et une économie dévastée
Au-delà de la pauvreté galopante, c’est l’ensemble de l’économie palestinienne qui se trouve durablement affectée par le conflit. Selon les projections du PNUD, le taux de chômage pourrait grimper jusqu’à 49,9% cette année dans les territoires, tandis que le produit intérieur brut (PIB) serait amputé de 35,1% par rapport à son niveau potentiel sans la guerre.
42 millions de tonnes de débris et des risques sanitaires majeurs
Les combats acharnés et les bombardements intensifs qui ont ravagé la bande de Gaza pendant plus d’un an ont laissé derrière eux un paysage de désolation. D’après l’étude du PNUD, la guerre aurait généré pas moins de 42 millions de tonnes de débris, représentant une menace sérieuse pour la santé des habitants et l’écosystème local.
Outre les risques liés à la présence potentielle de restes humains, de munitions non explosées et de substances dangereuses dans les décombres, l’ONU s’inquiète également de la destruction massive de panneaux solaires, susceptible de libérer du plomb et d’autres métaux lourds toxiques dans l’environnement.
Un bilan humain effroyable des deux côtés
Déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, la guerre à Gaza aura coûté la vie à 1206 personnes côté israélien selon un décompte de l’AFP, en grande majorité des civils. Dans le même temps, l’offensive de représailles menée par l’État hébreu aurait fait au moins 42 600 morts parmi les Palestiniens de l’enclave, là aussi principalement des civils d’après le ministère de la Santé du gouvernement Hamas.
Un besoin urgent d’aide à la reconstruction et de levée des restrictions
Face à l’ampleur de la crise, l’ONU appelle la communauté internationale à se mobiliser au plus vite pour venir en aide aux populations palestiniennes durement éprouvées. Selon Achim Steiner, il est impératif d’aller au-delà de l’aide humanitaire d’urgence et de mettre en place un véritable plan de reconstruction et de reprise économique pour permettre aux territoires de se relever :
Il ne s’agit pas seulement d’avoir un cessez-le-feu, il s’agit également de créer des conditions macroéconomiques qui permettent au financement de revenir dans les territoires palestiniens.
Parmi les mesures jugées indispensables par le PNUD pour favoriser le redressement de l’économie palestinienne figure notamment la levée des restrictions imposées par Israël, qui entravent lourdement les échanges et le développement des territoires.
Reste à savoir si la communauté internationale saura se montrer à la hauteur de l’enjeu et apporter une réponse suffisamment rapide et ambitieuse pour éviter que cette crise humanitaire et économique sans précédent ne se transforme en catastrophe durable pour des millions de Palestiniens déjà durement éprouvés par des décennies de conflit.
