Après des années de tensions frontalières, la Chine et l’Inde semblent avoir franchi un pas décisif vers l’apaisement. Les deux pays les plus peuplés du monde ont annoncé être parvenus à un accord sur les patrouilles le long de leur frontière himalayenne disputée, théâtre de plusieurs accrochages ces dernières années.
Un point de bascule dans les relations sino-indiennes ?
Cet accord marque-t-il un tournant dans les relations houleuses entre les deux géants asiatiques ? Nombreux sont les experts qui y voient un signal fort en faveur d’une désescalade durable. En effet, Pékin et New Delhi partagent une frontière de 3 500 km, essentiellement montagneuse, qui cristallise régulièrement les tensions.
Le dernier affrontement en date remonte à juin 2020, lorsqu’un face-à-face sanglant dans la région du Ladakh avait fait une vingtaine de morts côté indien et au moins quatre parmi les militaires chinois. Cet incident avait profondément dégradé les relations bilatérales, déjà minées par une méfiance réciproque.
La diplomatie reprend ses droits
Mais après des mois de négociations tendues, la voie diplomatique semble enfin porter ses fruits. Selon un haut responsable indien cité par la presse, les deux pays auraient trouvé un terrain d’entente sur les modalités des patrouilles frontalières dans les zones disputées.
La Chine et l’Inde sont parvenues à une solution aux questions concernées. La Chine fait part de son approbation.
Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères
Du côté chinois, on se félicite également de cette avancée. “La prochaine étape consistera à mettre en œuvre avec l’Inde la solution mentionnée”, a précisé le porte-parole de la diplomatie chinoise Lin Jian. Une annonce qui intervient à point nommé, alors que les dirigeants des deux pays doivent se retrouver prochainement en Russie pour un sommet des BRICS.
Vers une normalisation en demi-teinte ?
Si cet accord est salué comme un pas dans la bonne direction, il ne règle pas pour autant tous les différends entre les deux voisins. L’Inde reste très méfiante vis-à-vis des ambitions de la Chine, qu’elle soupçonne de vouloir étendre son influence dans la région.
New Delhi n’a ainsi pas digéré que Pékin revendique la totalité de l’Arunachal Pradesh, un État stratégique du nord-est indien. La Chine considère ce territoire himalayen comme une partie intégrante du Tibet. Un contentieux qui avait d’ailleurs débouché sur une guerre éclair en 1962, soldée par une victoire chinoise.
L’équilibre précaire des puissances asiatiques
Au-delà de la question frontalière, les relations sino-indiennes restent façonnées par une compétition stratégique régionale. L’Inde s’inquiète de l’expansion de l’influence chinoise, notamment via les Nouvelles routes de la soie. En réaction, elle a resserré ses liens avec les États-Unis et intégré le Quad, une alliance informelle avec le Japon et l’Australie visant à contrer Pékin.
De son côté, la Chine voit d’un très mauvais œil ce rapprochement indo-américain et le renforcement militaire de l’Inde. Résultat, la confiance demeure fragile entre les deux pays, qui s’accusent mutuellement de velléités expansionnistes le long de leur frontière commune.
Cet accord crée une base pour la paix et la tranquillité le long de la frontière, telles qu’elles existaient avant 2020.
Subrahmanyam Jaishankar, ministre indien des Affaires étrangères
Malgré ces obstacles, l’accord frontalier esquisse les prémices d’un dégel entre les deux géants. S’il se concrétise sur le terrain, il pourrait ouvrir la voie à une normalisation progressive des relations bilatérales. Un scénario hautement souhaitable pour la stabilité et la prospérité de toute l’Asie.
Un avenir incertain
Mais le chemin vers une entente durable s’annonce encore long et sinueux. Car au-delà du différend frontalier, c’est toute la relation sino-indienne qui est à reconstruire, sur la base d’une confiance mutuelle aujourd’hui largement érodée.
Pour y parvenir, Pékin et New Delhi devront surmonter leurs rivalités stratégiques et trouver un modus vivendi à même de concilier leurs intérêts divergents. Un défi de taille, alors que les deux pays aspirent à un leadership tant économique que politique sur l’échiquier asiatique et mondial.
Dans ce contexte, l’application concrète de l’accord frontalier sera scrutée de près, comme un test de la volonté réelle des deux parties de tourner la page des tensions. Si elle se confirme, cette avancée diplomatique pourrait créer un précédent positif et tracer la voie d’un rapprochement pragmatique entre les deux titans asiatiques. Avec à la clé, l’espoir d’une région pacifiée et d’un développement commun au bénéfice des populations.
