À l’approche des élections législatives en Géorgie, une coalition inédite de partis d’opposition pro-occidentaux s’est formée dans l’espoir de l’emporter face au parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Ce dernier est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et de rapprochement avec la Russie. Zoom sur les principaux acteurs de cette union qui pourrait redistribuer les cartes politiques dans ce pays du Caucase.
L’Union pour Sauver la Géorgie, Menée par l’Ancien Parti Présidentiel
Au cœur de cette alliance baptisée “Unité pour sauver la Géorgie”, on retrouve le Mouvement national uni (MNU), la principale force d’opposition. Fondé en 2001 par l’ex-président Mikheïl Saakachvili, actuellement emprisonné, ce parti centriste et résolument pro-occidental entend poursuivre les réformes démocratiques initiées durant le mandat de son leader entre 2004 et 2013.
Cependant, le bilan du MNU reste controversé dans la société géorgienne :
- Si les réformes de Saakachvili ont favorisé la croissance, elles ont aussi laissé une partie de la population sur le bord du chemin.
- Certains reprochent à l’ex-président des penchants autoritaires.
Aujourd’hui, c’est la jeune et dynamique députée Tina Bokuchava, diplômée d’une université américaine, qui a pris les rênes du parti. Selon un récent sondage de l’institut Edison Research, cette alliance recueillerait 19% des intentions de vote.
La Coalition pour le Changement Veut Séduire les Jeunes
Créditée de 13% dans les sondages, la Coalition pour le changement rassemble plusieurs partis menés par d’anciens responsables du MNU. Parmi eux, le récent parti Akhali de Nika Gvaramia, ex-ministre de la Justice et journaliste d’opposition renommé, et Nika Melia, ancien président du MNU. Ces deux figures, formées aux États-Unis, ont été brièvement emprisonnées ces dernières années avant d’être libérées sous la pression occidentale.
Cette alliance de centre-droit cible principalement le vote des jeunes et espère récupérer l’électorat déçu par le MNU après une crise de leadership l’an dernier.
Géorgie Forte Mise sur le Populisme
À gauche de l’échiquier, l’alliance Géorgie forte est menée par le parti Lelo de l’ex-banquier Mamouka Khazaradzé, lui aussi passé par les universités américaines. Sa campagne s’appuie sur des promesses populistes comme la hausse des retraites. Avec 12% d’intentions de vote, cette coalition comprend aussi de petits partis fondés par des défenseurs des droits de l’homme de premier plan comme Anna Dolidzé et Alexandre Elisachvili. Elle se targue d’avoir le plus de femmes et de hauts fonctionnaires sur sa liste.
Bien qu’alliée au MNU, les dirigeants de Géorgie forte sont connus pour leurs critiques virulentes à l’encontre de ce parti et du Rêve géorgien au pouvoir.
Pour la Géorgie, le Pari d’un Ex-Premier Ministre
Enfin, le parti Pour la Géorgie a été fondé par Guiorgui Gakharia, un ancien Premier ministre du Rêve géorgien qui vise les électeurs déçus par la formation au pouvoir. Crédité de 11%, il n’a accepté de rejoindre un futur gouvernement de coalition qu’à condition qu’il soit entièrement composé de technocrates, sans aucun responsable du MNU.
Cet homme politique formé à Moscou, qui se présente comme un fervent pro-occidental, suscite cependant la méfiance de certains en raison de :
- Son rôle dans la répression policière d’une manifestation antigouvernementale en 2019
- Sa démission soudaine en 2021 après moins d’un an et demi de mandat, officiellement pour des désaccords avec le Rêve géorgien
Cette union des forces d’opposition, aussi hétéroclite soit-elle, parviendra-t-elle à convaincre les Géorgiens de tourner la page du parti au pouvoir? Réponse dans les urnes ce samedi, pour un scrutin crucial quant à l’avenir démocratique et géopolitique du pays. Les enjeux sont de taille, alors que la guerre fait rage chez le voisin ukrainien et que les tensions sont vives avec la Russie.