La course à la Maison Blanche entre dans sa dernière ligne droite. À seulement deux semaines du scrutin présidentiel américain prévu le 5 novembre prochain, les deux candidats phares, l’ancien président républicain Donald Trump et l’actuelle vice-présidente démocrate Kamala Harris, multiplient les interventions médiatiques et les déplacements dans les États clés. Une élection qui s’annonce d’ores et déjà historique, quel qu’en soit le résultat.
Trump-Harris : un duel au coude-à-coude
Si les récents sondages semblent donner un léger avantage à Donald Trump, qui brigue à 78 ans un nouveau mandat après sa défaite en 2020, rien n’est encore joué. Les écarts restent en effet systématiquement dans la marge d’erreur, rendant toute prédiction hasardeuse. Face au milliardaire, Kamala Harris souffre notamment d’un déficit de notoriété, elle qui n’a débuté sa campagne que depuis trois mois.
Pour tenter de renverser la vapeur, la candidate démocrate de 60 ans mise sur une campagne de terrain intense, tout en déversant des centaines de millions de dollars en publicités. Ce mardi, elle a accordé une nouvelle interview à la chaîne NBC. Dans le même temps, elle envoie l’un des émissaires les plus populaires du parti démocrate, l’ancien président Barack Obama, tenir des meetings dans le Wisconsin et le Michigan, deux États parmi les plus disputés.
Trump mise sur les latinos et l’économie
Donald Trump n’est pas en reste, fidèle à sa réputation de candidat infatigable. Depuis la Floride où il possède plusieurs propriétés immobilières, il a participé ce mardi à une table ronde avec des électeurs latinos, une communauté dont le vote pourrait s’avérer décisif. Le républicain s’est ensuite envolé pour la Caroline du Nord, déjà visitée la veille, pour un événement censé être consacré à l’économie, son thème de prédilection.
Même inculpé à quatre reprises, Donald Trump peut compter sur la ferveur intacte de sa base électorale. À chacun de ses meetings, une marée de casquettes rouges vient l’acclamer, convaincue que leur champion est victime d’une persécution politique, allant jusqu’à accuser les démocrates de fomenter directement les menaces à son encontre.
15 millions d’Américains ont déjà voté
À l’inverse, Kamala Harris cherche à séduire un électorat républicain modéré, potentiellement découragé par les outrances de Donald Trump. Comme en 2016 et 2020, le scrutin devrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans une poignée d’États clés. Selon l’organisation indépendante Election Project, plus de 15 millions d’Américains ont d’ores et déjà voté par anticipation, soit environ 10% de la participation totale de 2020.
En quête du moindre indice sur l’issue du scrutin
Dans ce contexte d’extrême incertitude, chaque intervention des candidats est scrutée à la loupe, en quête du moindre indice sur l’état d’esprit de l’électorat. Donald Trump parviendra-t-il à réaliser l’un des plus spectaculaires retours en grâce de l’histoire politique américaine ? Ou Kamala Harris créera-t-elle la surprise en devenant la première femme à accéder à la fonction suprême ? Réponse dans 14 jours.
D’ici là, une certitude : la tension ne devrait pas retomber dans ce duel à couteaux tirés. Les deux camps fourbissent leurs armes pour un sprint final intense, à coups de meetings, d’interviews et de publicités à plusieurs dizaines de millions de dollars. Avec en ligne de mire ce chiffre magique : 270, le nombre de grands électeurs nécessaires pour s’assurer la victoire dans cette élection au suffrage universel indirect.
Une campagne riche en rebondissements
Cette campagne présidentielle 2024 n’aura décidément rien eu d’un long fleuve tranquille. Côté républicain, la candidature de Donald Trump, annoncée dès novembre 2022, a rapidement balayé la concurrence lors des primaires, malgré les multiples affaires judiciaires qui le visent. Une situation inédite pour un ancien locataire de la Maison Blanche.
Dans le camp démocrate, la compétition aura été plus disputée, avec pas moins d’une vingtaine de prétendants initiaux. Pourtant pressentie parmi les favorites, Kamala Harris peinait à décoller dans les sondages jusqu’au printemps 2024. C’est finalement le renoncement surprise de Joe Biden à briguer un second mandat qui lui a ouvert un boulevard vers l’investiture.
Cette élection, c’est un choix fondamental pour l’avenir de l’Amérique. Nous devons défendre notre démocratie contre ceux qui veulent la détruire.
Kamala Harris, candidate démocrate à la présidentielle
Des visions radicalement opposées pour les États-Unis
Au-delà des personnalités, ce sont deux visions diamétralement opposées de l’Amérique qui s’affrontent. D’un côté, Donald Trump incarne un populisme décomplexé, prompt à attiser les braises du ressentiment et à remettre en cause les institutions. De l’autre, Kamala Harris se pose en rassembleuse, garante des valeurs démocrates et d’un progressisme modéré.
Des lignes de fracture qui transcendent largement les enjeux de politique intérieure. Sur la scène internationale, le retour aux affaires de Donald Trump fait figure d’épouvantail, tant il avait bousculé les alliances traditionnelles des États-Unis durant son premier mandat. À l’inverse, une victoire de Kamala Harris rassurerait probablement les partenaires historiques de Washington.
L’ombre de 2020 plane sur le scrutin
Impossible enfin d’évoquer cette présidentielle 2024 sans avoir en tête le souvenir du chaos post-électoral de 2020. Le refus de Donald Trump de reconnaître sa défaite avait alors plongé le pays dans une crise institutionnelle sans précédent, culminant avec l’assaut meurtrier du Capitole le 6 janvier 2021.
Depuis, l’ancien président n’a eu de cesse de dénoncer une élection “truquée”, sans jamais apporter la moindre preuve tangible. Une posture qui fait craindre à beaucoup un nouveau déni de réalité en cas de défaite en novembre prochain. De quoi ajouter encore un peu de piment à une campagne déjà brûlante.